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Ligue 1 / Droits TV : « Une plateforme de streaming vidéo, outil indispensable » (F. Pesenti, Sportall)

News Tank Sport - Paris - Tribune n°332988 - Publié le 22/07/2024 à 09:00
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©  FP
François Pesenti, président du conseil de surveillance de Sportall - ©  FP

« Ligue 1 1ère division française, 18 clubs depuis 2023-24  : dans l’ère naissante du tout streaming, combien de temps les ayants droit seront-ils encore dépendants du financement des médias traditionnels ? » s’interroge François Pesenti, président du conseil de surveillance de la plateforme de streaming multisports et fournisseur de services OTT Over-the-top Sportall Activité : plateforme OTT de sports Création : 2019 Siège social : Marseille (France)Président directeur général : Thierry BoudardDirecteur technique et des opérations : Arnaud CaronUtilisateurs … , dans une tribune pour News Tank, le 22/07/2024.

« La situation de la Ligue 1 est symptomatique de l’évolution d’un marché des droits sportifs qui devra à l’avenir trouver des relais de croissance en dehors de la seule vente de droits aux acteurs traditionnels de la télévision, gratuite ou payante. Plusieurs tendances lourdes renforcent le caractère indispensable d’une plateforme de streaming vidéo pour tous les ayants droit du sport, quels que soient leur taille et leurs enjeux », estime-t-il.

La plateforme OTT de sports DAZN et le groupe de TV payante beIN SPORTS France ont acquis les droits de diffusion en France de la Ligue 1 McDonald’s Appellation du Championnat de France sur le cycle 2024-2027 (30 M€ par saison) pour la période 2024-2029. Montant estimé, selon L’Équipe : 500 millions d’euros par an. DAZN diffusera huit matches par journée (400 M€ par an), tandis que beIN retransmettra un match chaque journée (100 M€, meilleure affiche ou le choix 2 une semaine sur deux).

« Signer un contrat à long terme avec des modèles de distribution traditionnels, c’est regarder vers le passé, alors que nous devrions regarder vers l’avenir. Nos fans, en particulier la jeune génération, consomment les contenus de manière très différente aujourd’hui », a déclaré John Textor, président de l’Olympique Lyonnais (Ligue 1 McDonald’s) le 14/07/2024.

« Une plateforme de streaming vidéo donne aux ayants droit la possibilité de développer leur propre média, de produire et diffuser des événements en direct et des magazines VOD Vidéo à la demande , via des solutions de production bien moins onéreuses que dans les standards du broadcast traditionnel », souligne François Pesenti dans la tribune que News Tank reproduit intégralement ci-dessous.


« Une bascule progressive mais inexorable du “broadcast” vers le streaming  » (F. Pesenti, Sportall)

François Pesenti - ©  D.R.

«  La situation de la Ligue 1 est symptomatique de l’évolution d’un marché des droits sportifs qui devra à l’avenir trouver des relais de croissance en dehors de la seule vente de droits aux acteurs traditionnels de la télévision, gratuite ou payante. La tendance, essentiellement due aux changements d’usage vers les écrans connectés, est à des investissements portés par des plateformes digitales, surtout concentrées sur le ”Tier 1”, les compétitions sportives de première catégorie et du plus haut niveau mondial, dont la Ligue 1 française ne fait malheureusement pas partie.

Pourtant, comme à tous les ayants droit de la planète, cette bascule progressive mais inexorable du broadcast vers le streaming lui offre des perspectives. DAZN est l’une d’entre elles. Exemple de plateforme prenant le relais de la télévision, elle montre toutefois, elle aussi, ses limites, son modèle naissant d’acquisition de droits s’avérant extrêmement coûteux et risqué. Dès lors, comment, pour les ayants droit, négocier ce virage vers le tout digital et en profiter au mieux pour sécuriser et redynamiser leur modèle économique ?

N’importe quel ayant droit peut aujourd’hui développer sa plateforme de streaming vidéo »

Prioritairement en sortant de la seule logique de vente de leurs droits à des intermédiaires et en utilisant les opportunités offertes par ce nouveau monde, pour y déployer, grâce aux solutions existantes, leur propre média digital.

N’importe quel ayant droit peut aujourd’hui développer sa plateforme de streaming vidéo et proposer ses compétitions directement aux fans, sans intermédiaire, à travers une expérience digitale enrichie, via des tarifs “à la carte” (abonnement à tous les matches, aux matches de son club, au match…) et ce de façon exclusive ou complémentaire des droits vendus à des diffuseurs. Posséder ces outils permet de compléter ses revenus en offrant plus aux fans ou en adressant des marchés non couverts par les diffuseurs partenaires. De surcroit, il constitue une arme, comme l’a démontré LaLiga Ligue espagnole de football professionnel en Espagne, pour imposer de la concurrence en vue des appels d’offres liés aux droits de diffusion et être moins vulnérable aux aléas du marché des droits TV.

Un lien pour engager le fan dans une expérience à forte valeur ajoutée »

Une plateforme de streaming, dont l’ayant droit maîtrise les contenus et les services, permet encore de proposer à ses fans bien plus que des contenus payants. Elle constitue le lien indispensable pour les engager dans une expérience à forte valeur ajoutée, faisant d’eux des “membres” , bénéficiant, pour le prix de leur abonnement premium, d’avantages additionnels : des contenus produits par les clubs, des jeux-concours ou tirages au sort permettant de vivre des expériences exclusives, comme des invitations VIP ou l’accès à leurs joueurs préférés, des promotions sur le ticketing ou le merchandising. Fidéliser et valoriser ainsi un “membre” donne à son abonnement du sens, de la générosité et l’engage. Aborder ainsi le potentiel d’une plateforme digitale est une réponse forte à la tentation du piratage.

Pour l’ensemble des ayants droit dits ”Tier 1” (marché des droits avec les compétitions sportives mondiales de première catégorie), une plateforme de streaming vidéo constitue depuis plusieurs années un complément devenu indispensable aux revenus liés à la vente des droits de diffusion. Ils possèdent tous la leur (NBA National Basketball Association, Ligue professionnelle nord-américaine de basketball. , UFC Ultimate Fighting Championship , FIFA Fédération Internationale de Football Association , Premier League Ligue professionnelle qui gère la Premier League, la 1ère division professionnelle anglaise (20 clubs). , Formula One Management, LaLiga…) et imposent à leurs diffuseurs de cohabiter avec elle. Elle offre une expérience enrichie et permet d’adresser leurs fans partout dans le monde, notamment dans leurs “dark markets” (zones où ils ne vendent pas de droits à des diffuseurs tiers).

La possibilité de ne pas mettre ses droits sur le marché  »

En quoi est-elle aussi une arme en vue des prochains appels d’offre droits TV ? Au sens où elle crée une concurrence, seul facteur d’augmentation des montants de droits. En cas de non atteinte des prix de réserve fixés par les ayants droit ou d’échec des négociations de gré à gré, comme ce fut le cas ce printemps 2024 dans le cas de la Ligue 1, les ayants droit ont alors la possibilité de ne pas mettre leurs droits sur le marché et de les vendre eux-mêmes directement à leurs fans via leur plateforme de streaming. Ils maîtrisent ainsi les formules et les tarifs d’abonnement, proposent plus de choix de prix et de contenus à leurs abonnés (DtoC Modèle de vente directe au consommateur (direct to consumer) qui ne passe pas par un réseau de distributeurs tiers. ).

Constituer in fine un “one stop shop”  »

Désintermédier ainsi leurs droits de diffusion permet aussi de développer leur base de fans, de générer de la DATA, de créer du fan engagement et in fine de constituer un “one stop shop” susceptible d’adresser leurs abonnés avec des contenus bien sûr, mais aussi du merchandising, du ticketing, des promotions ou des expériences ”behind the scene”. Tout un ensemble de services qui, comme nous l’avons vu précédemment, en donnent plus aux fans, tout en boostant, côté ayants droit, leur capacité d’acquisition, de fidélisation et leur ARPU Average Revenue Per User, chiffre d’affaires mensuel moyen réalisé par une entreprise avec un client (Average Revenue Per User / revenu moyen par abonné).

Les droits de diffusion en France de la Ligue 1 McDonald’s 2024-25 ont offert aux fans un interminable feuilleton - ©  LFP

Pour les ayants droit dits ”Tier 2” ou ”Tier 3”, une plateforme de streaming permet de se doter, à des conditions financières très favorables, d’une visibilité média que le secteur de la télévision ne peut pas leur garantir, sauf dans des circonstances exceptionnelles comme les Jeux Olympiques. Elle leur donne la possibilité de développer leur propre média, de produire et diffuser des événements en direct et des magazines VOD, via des solutions de production bien moins onéreuses que dans les standards du broadcast traditionnel.

Ils peuvent aussi monétiser ce service soit en s’appuyant sur la capacité de leur communauté à contribuer via de l’abonnement payant, soit en utilisant les espaces publicitaires de leur média pour élargir la puissance de leurs propositions de sponsoring, via des offres terrain + média.

Tous les outils technologiques sont prêts, livrés clés en main »

Plusieurs tendances lourdes renforcent ainsi le caractère indispensable d’une plateforme de streaming vidéo pour tous les ayants droit du sport, quels que soient leurs enjeux et leur taille. La démarche est d’autant plus facilitée que tous les outils technologiques sont prêts, livrés clés en main, avec l’accompagnement de bout en bout, sur tous les métiers nécessaires à l’édition d’un média vers ses fans, de la production des images jusqu’à la distribution sur tous les écrans connectés, partout dans le monde.

Imaginer la bascule vers le tout streaming ne relève plus de la science-fiction »

Si l’on se projette dans le futur du tout streaming, le vrai dilemme économique des ayants droit sera de décider s’il faut continuer à céder leurs droits ou désintermédier en les distribuant eux-mêmes à leurs fans. Imaginer cette bascule ne relève plus de la science-fiction. Le processus sera progressif, plus rapide pour les ayants droit ”Tier 2” ou ”Tier 3” que pour les ”Tier 1”, les plus convoités aujourd’hui. Mais en toute hypothèse, la logique de partenariat entre diffuseurs et ayants droit évoluera. La relation de la Ligue 1 vis-à-vis de ses diffuseurs historiques, là encore, est symptomatique de cette tendance.

Le choix ultime entre les mains de l’ayant droit »

Les partenaires d’hier deviendront-ils concurrents ? Va-t-on vers un match entre groupes de médias et ayants droit ? Si tel était un jour le cas, on peut parier sur le nom du vainqueur : l’ayant droit. Car il a entre les mains, grâce à la technologie et au digital, le choix ultime, si le marché des médias ne répond pas à ses attentes, celui de ne plus vendre à des tiers et d’opérer lui-même.

Mais les grands médias le savent, s’y adaptent déjà en ciblant leurs investissements pour garder leur attractivité et compléter leur offre en devenant des agrégateurs de contenus… possiblement édités et commercialisés par les ayants droit. Si cette tendance se confirmait, la boucle serait ainsi bouclée, la logique de partenariat retrouvée, les modèles économiques des uns et des autres moins risqués.

Les juges finaux de l’organisation du marché seront toujours les fans »

Mais in fine, aucun de ces scénarios fictions et encore moins leur timing ne semblent aujourd’hui certains, les acteurs de la chaîne de valeur restant, comme toujours, soumis aux réactions du public et à l’évolution de ses usages. Car les juges finaux de l’organisation du marché seront toujours les fans. Ne jamais l’oublier.  »

François Pesenti, président du conseil de surveillance de Sportall, dans une tribune pour News Tank, le 22/07/2024

François Pesenti


• Né en 1969


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Fiche n° 2925, créée le 07/03/2014 à 16:39 - MàJ le 20/07/2024 à 22:27


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