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« L’Ultimate Tennis Showdown applique les “3 i” : intensité, imprévisibilité et immersion » (A. Simon)

News Tank Sport - Paris - Entretien n°187632 - Publié le 08/07/2020 à 10:00
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Arnaud Simon, directeur général d’In&Out Stories, a conseillé Patrick Mouratoglou - ©  D.R.

« Patrick Mouratoglou a appliqué à son nouveau format (l’Ultimate Tennis Showdown, voir encadré ci-dessous) ce que j’appelle les “3 i” : intensité, imprévisibilité et immersion. L’immersion est amenée grâce aux casques que mettent les joueurs tout au long du match. On peut ainsi entendre leurs conversations avec leurs coaches également équipés ou être interviewés par les commentateurs pendant les changements de côté. Cela apporte une fraîcheur incroyable, c’est un vrai “game changer” en matière de diffusion du tennis », déclare Arnaud Simon, directeur général d’In&Out Stories, société de conseil pour organisations sportives nationales et internationales, à News Tank, le 07/07/2020.

« Il y a de vraies difficultés pour le tennis à renouveler sa base de fans. C’est un sport qui vit sur ses acquis de la fin des années 70, des années 80 et du début des années 90. Les fans sont fidèles, mais ils vieillissent. C’est à partir de ce constat extrêmement factuel que Patrick Mouratoglou s’est décidé à lancer l’UTS. La façon de vivre, de raconter, d’expérimenter le tennis nécessite d’être revue pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation », explique celui qui a accompagné Patrick Mouratoglou (entraîneur de la tenniswoman américaine Serena Williams) dans le lancement de son projet, cinq semaines avant le début de la compétition qui a débutée le 13/06/2020.

« L’objectif de l’UTS est de se construire en complément de l’ATP Association des Tennismen Professionnels. Fondée en 1972, basée à Londres (ANG). Organise les tournois de tennis professionnel masculins (Masters 1000, ATP 500, ATP 250, ATP World Tour Finals). . Je fais souvent le parallèle avec le rugby à 7, même si le tennis est plus universel. Le rugby à 7 se joue sur un rythme différent du rugby à 15, n’attire pas forcément le même public, permet de cibler plus de marchés et va créer ses propres champions. Parfois les initiatives de renouvellement d’un sport viennent des ligues existantes et d’autres fois elles viennent de l’extérieur. L’UTS est là pour faire grossir le gâteau tennis dans le monde, aller chercher de nouveaux fans », ajoute Arnaud Simon, qui répond aux questions de News Tank.


« Le tennis avait besoin d’un format qui bouge les lignes » (A. Simon, In&Out Stories)

En quoi l’Ultimate Tennis Showdown (UTS) est-il un « game changer », un événement qui change la donne ?

Le danger pour le tennis, c’est la moyenne d’âge des fans »

Le tennis est un sport extrêmement populaire, avec des stars et des fans partout dans le monde. Ces éléments sont des atouts indéniables. Mais le danger pour le tennis, c’est la moyenne d’âge des fans. Elle est de 61 ans. Elle était de 51 ans il y a 10 ans et on peut imaginer qu’elle sera de 71 ans dans 10 ans si rien ne change. Il y a de vraies difficultés pour le tennis à renouveler sa base de fans. C’est un sport qui vit sur ses acquis de la fin des années 70, des années 80 et du début des années 90. Les fans sont fidèles, mais ils vieillissent. C’est à partir de constat extrêmement factuel que Patrick Mouratoglou s’est décidé à lancer l’UTS. La façon de vivre, de raconter, d’expérimenter le tennis nécessite d’être revue pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation.

Temps faibles, prédictibilité et longueur sont les trois dangers pour un sport, le tennis cumule ces trois défauts »

Il y a trois dangers aujourd’hui pour un sport d’une manière générale : les temps faibles, la prédictibilité et la longueur. Le tennis cumule ces trois défauts. Les temps faibles à cause du temps entre les points, les changements de côté où il ne se passe rien, etc… La prédictibilité liée à un manque d’intérêt pour les points en début de set. Enfin la longueur, les matches peuvent durer trois, quatre heures et c’est quasiment impossible aujourd’hui de demander un temps d’attention aussi long, que ce soit à un jeune public ou même à des personnes plus âgées. Si l’on rajoute à cela le fait qu’il y a un code de comportement beaucoup trop strict, qui a fini par lisser les caractères, les tempéraments des joueurs, cela fait beaucoup de points négatifs pour le tennis. Patrick a donc appliqué à son nouveau format ce que j’appelle les « 3 i » : intensité, imprévisibilité et immersion.

Le rythme de l’UTS est plus rapide et très « cardio » »

Le format de quatre quart-temps de 10 minutes apporte de l’intensité, pas uniquement parce que c’est plus court, mais aussi parce que cela change la stratégie des joueurs. Un joueur mené au score alors qu’il ne reste peu de temps est obligé d’accélérer son jeu (service vollée par exemple) pour rattraper son retard. Les temps faibles sont également réduits dans l’UTS, puisque le temps entre chaque point passe de 25 à 15 secondes. Le rythme est plus rapide et très « cardio ».

Un joueur peut activer deux cartes par quart-temps, tactiquement quand il le souhaite »

Il y a également plus d’imprévisibilité grâce à l’ajout de nouvelles règles, ce qu’on appelle les cartes. Un joueur peut activer deux cartes par quart-temps, tactiquement quand il le souhaite (voir les règles dans l’encadré ci-dessous). Enfin l’immersion est amenée grâce aux casques que mettent les joueurs tout au long du match. On peut ainsi entendre leurs conversations avec leurs coaches également équipés ou être interviewés par les commentateurs pendant les changements de côté. Cela apporte une fraîcheur incroyable, c’est un vrai « game changer » en matière de diffusion du tennis. C’est quelque chose qu’on avait demandé pendant des années en tant que diffuseur et à chaque fois la réponse était négative. Le tennis avait besoin d’un format qui bouge les lignes.

Quel rôle avez-vous joué dans la conception de l’UTS ?

J’ai joué un peu un rôle d’architecte »

Patrick Mouratoglou m’a contacté début mai, à peu près cinq semaines avant l’événement. C’est quelque chose qui avait mûri dans son esprit et il s’est dit que c’était le bon moment. C’est un projet à long terme, mais la période était propice au lancement, avec une vraie fenêtre de visibilité en raison de l’arrêt des circuits ATP Association des Tennismen Professionnels. Fondée en 1972, basée à Londres (ANG). Organise les tournois de tennis professionnel masculins (Masters 1000, ATP 500, ATP 250, ATP World Tour Finals). et WTA Women’s Tennis Association, Association du tennis féminin. Fondée en 1973, basée à Saint Petersburg (FL, États-Unis). Organise les tournois du circuit de tennis professionnel féminin. . Il a donc fallu travailler dans l’urgence. J’ai joué un peu un rôle d’architecte. Je devais aider à construire la maison UTS pleine d’innovations de Patrick en cinq semaines. J’avais déjà joué ce rôle avec l’International Swimming League.

Cela a été un travail colossal et intense, une mission commando »

Ma mission a consisté à mettre en place la production des directs et l’habillage, accompagner la stratégie éditoriale, négocier avec des diffuseurs à travers le monde et aider au choix de la plateforme OTT. Cela a été un travail colossal et intense, une mission commando. En plus, il fallait tenir compte du nouveau système de scoring avec des règles qui évoluaient en cours de projet. Patrick avait déjà l’ensemble du format en tête et on y a ajouté la notion de durée fixe, car en tant qu’ancien diffuseur je sais que c’est une vraie problématique de programmer du tennis, car on ne sait pas toujours quand un match commence et jamais quand il va finir. Avec UTS, le tennis se programme maintenant comme du football !

Les matches se disputent en quatre quart-temps de 10 minutes au cours desquels les joueurs ne servent que deux fois de suite.

Le format de l’UTS1 (du 13/06 au 12/07/2020)

• 1.- Les 10 joueurs se rencontrent dans une formule championnat classique (round robin).

• 2.- Les six joueurs qui ont accumulé le plus grand nombre de victoires se qualifient pour la phase éliminatoire (playoffs). Si des joueurs sont à égalité, le « set-average » détermine le classement.

• 3.- Les deux premiers sont automatiquement qualifiés pour les demi-finales. Les quatre suivants s’affrontent en quarts de finale.

• 4.- Cinq matches sont disputés tous les samedis et dimanches pendant cinq semaines, pour un total de 50 affrontements.

• 5.- La phase éliminatoire se joue en intégralité lors du dernier jour de la compétition.

Les cartes bonus 

• Priver son adversaire de deuxième service.
• Faire en sorte qu’un coup gagnant rapporte deux points au lieu d’un seul.
• Faire en sorte que son adversaire ait le droit à trois coups de raquette maximum pour finir le point.
• Servir à la place du tour de service de son adversaire.

Les 10 participants de l’UTS 1

Dominic Thiem (AUT, 3e au classement ATP), remplacé par Elliott Benchetrit (FRA, 208e) au début de la compétition.
Stefanos Tsitsipas (GRE, 6e)
Matteo Berrettini (ITA, 8e)
David Goffin (BEL, 10e)
Benoit Paire (FRA, 22e)
Richard Gasquet, (FRA, 50e)
Feliciano Lopez (ESP, 56e)
Lucas Pouille (FRA, 58e)
Alexei Popyrin (AUS, 103e)
Dustin Brown (ALL, 239e)

Par quel prestataire êtes-vous passé pour la plateforme OTT Over-the-top  ?

Nous travaillons avec Vimeo pour le moment pour la plateforme OTT »

Nous travaillons avec Vimeo. En cinq semaines, il n’était pas possible de faire une plateforme ad hoc, cela demande trop de temps de développement. Vimeo fait partie de ces prestataires qui propose en marque blanche des plateformes préconfigurées et personnalisables, disponibles rapidement dans le monde entier. Il y a beaucoup de fonctionnalités comme l’ajustement des offres marketing, le géo-blocage ou la possibilité de fixer un prix par marché (abonnement à 9,99 euros par mois en France). A terme, il faudra une plateforme plus sur-mesure et encore plus souple.

Avec quels diffuseurs avez-vous signé ? Quels sont leurs premiers retours ? Comment les matches sont-ils répartis entre la TV et l’OTT ?

Des droits TV déjà signés dans 80 pays »

Nous avons signé avec Eurosport en Europe, Tennis Channel aux Etats-Unis, TSN au Canada, Claro Sports en Amérique Latine (groupe mexicain présent dans 17 pays hispanophones d’Amérique centrale et d’Amérique du sud) et Supersport en Afrique du Sud, ce qui nous permet d’avoir déjà environ 80 pays couverts. Nous continuons évidemment les discussions pour élargir la diffusion TV à d’autres territoires. De nouvelles annonces seront d’ailleurs faites très prochainement. Les premiers retours sont très positifs, c’est un produit qui plaît. Tennis Channel par exemple, qui diffuse du tennis toute l’année, était évidemment ravie de voir cette nouvelle compétition arriver et capable d’attirer un nouveau public pour ce sport.

10 matches par week-end, cinq le samedi et cinq le dimanche »

Il y a 10 matches par week-end, cinq le samedi et cinq le dimanche. Les diffuseurs retransmettent deux matches par jour, ceux de leurs choix pour chacun des marchés, et les trois autres rencontres sont disponibles en exclusivité sur la plateforme. C’est un modèle qui est susceptible d’évoluer. Les diffuseurs ont déjà envie d’en faire plus.

Quels sont les retours des joueurs ?

Les joueurs ont été surpris par l’intensité des matches »

Ils adhèrent, ils ont pris énormément de plaisir et c’est très important. Ils ont été surpris par l’intensité des matches. Ce sont des joueurs qui ont l’habitude de faire des matches qui peuvent durer trois ou quatre heures, donc ils se sont dit que quatre quart-temps de 10 minutes, ce serait moins éprouvant physiquement. Ils se sont rendus compte que non. Il y a moins de temps de récupération, 15 secondes au lieu de 25 entre les points, le rythme est beaucoup plus soutenu et intense. Ils ne peuvent pas se permettre de laisser filer des points. Le fait que les joueurs adhèrent est la plus belle des réussites car cela démontre que le tennis n’est pas dénaturé ; au contraire, il est transcendé.

Quel est le modèle économique ?

L’objectif est d’avoir des sources de revenus les plus variées possibles »

L’objectif est d’avoir des sources de revenus les plus variées possibles. Une nouvelle Ligue doit être en mesure dès le départ d’adresser ses fans via une plateforme OTT, pas uniquement pour les revenus générés, mais aussi pour la connaissance client. Il y a bien sûr aussi un objectif de droits TV, qui va progresser avec le temps. L’activité sponsoring, qui n’était pas jouable dans les premières semaines puisqu’il fallait se concentrer sur la conception du produit, va démarrer. Il y a d’autres sources de revenus qui peuvent également être développées, comme les paris ou le gaming. On peut également imaginer qu’à terme, des villes, régions, pays seront prêts à s’engager pour accueillir des tournois UTS. Et enfin il ne faut pas oublier le ticketing avec le retour du public et avec un tel format, l’ambiance va être exceptionnelle. 

Quel est le nombre d’abonnés à la plateforme ?

C’est trop tôt pour donner des chiffres, la Ligue vient à peine de démarrer. L’objectif pour le moment est de bien lancer le produit et de faire démarrer chaque source de revenus.

Quelle est la suite pour l’UTS ?

Un UTS 2 à partir du 19/07/2020 et un UTS 3 dans les tuyaux »

Le premier tournoi dure cinq semaines et se termine le 12/07/2020. Le deuxième tournoi devrait démarrer le week-end du 19/07/2020 et durera quatre semaines. Ensuite, il y a plusieurs scénarios possibles en fonction de ce qui se passe pour la tournée aux États-Unis, mais un UTS 3 est déjà dans les tuyaux. Il est important aussi de dire que l’objectif de l’UTS est de se construire en complément de l’ATP Association des Tennismen Professionnels. Fondée en 1972, basée à Londres (ANG). Organise les tournois de tennis professionnel masculins (Masters 1000, ATP 500, ATP 250, ATP World Tour Finals). . Je fais souvent le parallèle avec le rugby à 7, même si le tennis est plus universel. Le rugby 7 se joue sur un rythme différent du rugby à 15, n’attire pas forcément le même public, permet de cibler plus de marchés et va créer ses propres champions.

Le cricket a lancé un format avec des matches de 3 heures au lieu de 3 jours »

Parfois, les initiatives de renouvellement d’un sport viennent des ligues existantes et d’autres fois, elles viennent de l’extérieur. L’UTS est là pour faire grossir le gâteau tennis dans le monde, aller chercher de nouveaux fans. Certains seront communs aux deux et d’autres préfèreront un type de format à l’autre. Il ne faut pas avoir peur du changement. Le cricket, sport traditionnel par excellence, a bien lancé un nouveau format de matches, le Twenty20, dans lequel les rencontres durent trois heures au lieu de trois jours !

Je suis très heureux qu’In&OutStories soit de plus en plus sollicité pour ces projets exceptionnels »

C’est un privilège d’accompagner ce lancement et je suis très heureux qu’In&OutStories soit de plus en plus sollicité pour ces projets exceptionnels, tant par l’innovation qu’ils apportent que par leur dimension internationale. C’est en train de devenir une marque de fabrique et j’en suis très heureux car notre ambition est d’être là où ça se passe, de porter et concrétiser les évolutions d’expérience, de modes de narration et de distribution du sport aujourd’hui.

Arnaud Simon, directeur général d’In&Out Stories, société de conseil pour organisations sportives nationales et internationales, à News Tank, le 07/07/2020

Arnaud Simon

Email : asimon@inandoutstories.com

Formation :

• 1992 : ESCP

- Mastère Information et Média

• 1988 - 1991 : E.M Lyon (Ecole Supérieure de Commerce de Lyon)


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Parcours

In and Out Stories
Président Fondateur
Discovery Networks International
Senior Vice-président Europe Contenu et production
Eurosport
Directeur général Eurosport France et directeur des contenus TV Eurosport Group
Eurosport
Directeur Programme

Établissement & diplôme

ESCP Business School (ESCP)
Mastère Media
EM LYON
EM LYON

Fiche n° 2483, créée le 06/03/2014 à 15:13 - MàJ le 06/01/2021 à 19:19


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