Exclusif« La Ligue 1 doit se réformer, et surtout se réguler, pour ne pas rester en 2e classe » (C. Roussel)
« Le football français ne peut plus se permettre de regarder passer les trains. Si la Ligue 1
1ère division française, 18 clubs depuis 2023-24
veut éviter de rester en deuxième classe, elle doit se réformer, et surtout se réguler », déclare Cédric Roussel
Délégué ministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 @ Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
, délégué ministériel à l’économie du sport et aux Jeux Olympiques et Paralympiques au sein du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, dans une tribune intitulée « Le football français, dans l’ombre des anneaux olympiques de Paris 2024 » et publiée le 14/10/2024.
« Le plafonnement des salaires des clubs et une luxury tax redistribuée aux équipes les moins dépensières sont des solutions pour éviter une bulle salariale qui, par définition, finit toujours par éclater. L’Espagne a montré que ces mécanismes pouvaient fonctionner sans rogner l’attractivité de son championnat. Il est temps de coordonner ces réformes avec d’autres pays comme l’Italie et l’Allemagne, pour poser les bases d’un football européen plus équitable et surtout durable », ajoute l’ancien député (LREM) des Alpes-Maritimes (2017-2022), notamment rapporteur de la mission d’information sur les droits de diffusion audiovisuelle des manifestations sportives (2021) puis de la loi « visant à démocratiser le sport, à améliorer la gouvernance des fédérations sportives et à sécuriser les conditions d’exercice du sport professionnel » (2022).
« La formation des jeunes, elle aussi, mérite qu’on s’y attarde. L’allongement de la durée du premier contrat professionnel, voté aussi en 2022, était un premier pas. Mais il faut aller plus loin. La mise en place d’un régime social plus favorable protégerait à la fois les jeunes talents et les clubs formateurs. Il faut stabiliser l’environnement des jeunes joueurs pour qu’ils ne deviennent pas des cibles faciles pour les clubs étrangers », indique Cédric Roussel, qui invite les parties prenantes à mettre « toutes les options sur la table » et à « débattre sans tabou », en s’inspirant par exemple du modèle sportif américain.
« Pendant que les anneaux olympiques s’élevaient au-dessus de Paris, le football français, lui, restait cloué au sol, suspendu aux caprices des droits audiovisuels » (C. Roussel)
L’été de Paris 2024 restera comme celui de tous les possibles ! Les Jeux Olympiques et Paralympiquesont été un succès total, un souffle nouveau, un moment de communion unanimement reconnu.
Au-delà des médailles et des records, c’est un modèle qui a émergé, celui d’une réussite collective, portée par une ambition partagée entre les acteurs publics et privés, un équilibre que certains pensaient impossible pour un évènement si complexe et mondialisé.
Et pendant que les anneaux olympiques s’élevaient au-dessus de Paris, le football français, lui, restait cloué au sol, suspendu aux caprices des droits audiovisuels. L’histoire se répète…
Notre championnat de Ligue 1, pourtant fleuron de notre sport national, continue de manquer d’attractivité, freiné par une économie précaire et une gouvernance hésitante.
Il est temps d’agir.
Diversifier pour mieux survivre
La dépendance aux droits audiovisuels ne peut plus être le modèle »En 2021, en tant que député et rapporteur la mission sur « les droits audiovisuels sportifs », je plaidais déjà pour des solutions capables de sécuriser et de stabiliser les revenus des clubs.
La dépendance aux droits audiovisuels ne peut plus être le modèle.
L’enjeu ne peut plus être simplement d’obtenir l’offre la plus élevée pour l’attribution des droits TV, mais bien d’assurer un partenariat stable et durable avec le diffuseur. Le produit audiovisuel Ligue 1 doit être visible, séduisant, et accessible, pour nos supporters bien évidemment, mais également pour remplir toutes nos écoles et clubs locaux de football. Et cela ne se fera pas avec des enchères à court terme.
La dernière négociation des droits TV à 500 millions d’euros par DAZN Activité : plateforme OTT de sports Propriétaire : Len BlavatnikCEO : Shay SegevCEO France : Brice Daumin (depuis février 2024) Implantation : Allemagne, Autriche, Suisse, Japon, Canada… est un rappel brutal de la fragilité de l’économie de notre championnat. Le football français vit à crédit. Et ce, malgré la création de la société commerciale « encadrée » que nous avons votée en 2022 dans la loi « Démocratiser le sport en France ». Aujourd’hui, nous sommes très loin des objectifs affichés en son époque par la Ligue de Football Professionnel Président : Vincent Labrune (élu le 10/09/2020 pour la période 2020-2024, réélu le 10/09/2024 pour la période 2024-2028)Vice-présidents : Jean-Pierre Caillot (Stade de Reims) et Pablo Longoria… (LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) ) avec la création de cette société.
Il est temps de renforcer les autres piliers économiques que sont la billetterie, le sponsoring, et l’exploitation des infrastructures. Le stade ne doit plus être considéré comme un simple terrain animé pendant 90 minutes. C’est un centre névralgique pour l’attractivité des territoires, un lieu de vie, un moteur économique. Les clubs devraient pouvoir accéder plus facilement à la propriété de leurs enceintes pour en maximiser le potentiel.
La transformation devrait aussi inclure le sport féminin et le sport inclusif »La transformation devrait aussi inclure le sport féminin et le sport inclusif. Paris 2024 l’a prouvé : l’inclusion n’est pas un choix, c’est une clé de la réussite. Le débat sur la mise en place d’un service public minimum pour diffuser les disciplines sous-médiatisées devient nécessaire. Dans le même temps, l’autorisation de la publicité après 20 heures lors des retransmissions sportives devrait être débattu pour financer ce service et ne pas alourdir nos dépenses publiques. La possibilité d’une diffusion « en clair » de certains matchs de Ligue 1 et Ligue 2 Deuxième division française (18 clubs depuis 2024-25). Aussi appelée « Ligue 2 BKT » depuis 2020. pourrait aussi être envisagée pour renforcer l’attractivité et l’accessibilité de notre championnat.
Réformer ou s’effondrer : le défi du football français
Le football français ne peut plus se permettre de regarder passer les trains. Si la Ligue 1 veut éviter de rester en deuxième classe, elle doit se réformer, et surtout se réguler.
Le plafonnement des salaires des clubs (« soft cap ») et une luxury tax redistribuée aux équipes les moins dépensières sont des solutions pour éviter une bulle salariale qui, par définition, finit toujours par éclater. L’Espagne a montré que ces mécanismes pouvaient fonctionner sans rogner l’attractivité de son championnat. Il est temps de coordonner ces réformes avec d’autres pays comme l’Italie et l’Allemagne, pour poser les bases d’un football européen plus équitable et surtout durable.
Pourquoi ne pas ne pas regarder aussi du côté des États-Unis ? »La formation des jeunes, elle aussi, mérite qu’on s’y attarde. L’allongement de la durée du premier contrat professionnel, voté aussi en 2022, était un premier pas. Mais il faut aller plus loin. La mise en place d’un régime social plus favorable protégerait à la fois les jeunes talents et les clubs formateurs. Il faut stabiliser l’environnement des jeunes joueurs pour qu’ils ne deviennent pas des cibles faciles pour les clubs étrangers.
Pourquoi ne pas regarder aussi du côté des États-Unis ? Pourquoi ne pas s’inspirer en effet du modèle américain de sport universitaire et lancer un grand chantier de réflexions avec les pouvoirs publics pour une « draft » à la française ?
Dans un contexte où le sport devient une arme de pouvoir, la privatisation des compétitions - à l’image de la Super Ligue européenne - et l’influence des fonds d’investissement étrangers dans nos clubs sont des sujets bien réels. Le Conseil Supérieur du Sport, tel que proposé dans mon rapport, pourrait apporter le cadre nécessaire à la stabilité des valeurs du modèle sportif français et européen. A la fois garde-fou économique, garant d’une exposition optimale, rempart contre les tentatives de financiarisation excessive, pour que le football et plus globalement le sport reste un bien commun.
Toutes les options doivent être mises sur la table. Il est temps de débattre, sans tabou.
Le temps d’agir, c’est maintenant
Le président de la République Emmanuel Macron a régulièrement affirmé sa volonté de faire de la France une nation sportive.
Cela passe par un renforcement des infrastructures, des modèles économiques et un accompagnement de l’Etat, notamment du ministère de l’économie et des finances.
Tony Estanguet, qui a brillamment porté le projet Paris 2024, et Tony Parker, modèle de réussite sportive et entrepreneuriale, sont des exemples d’une France qui excelle quand elle s’organise autour d’un projet et d’une vision commune.
C’est cet esprit qu’il nous faut insuffler.
Le football français en a besoin. Le football français le mérite. Les Français le demandent.
Cédric Roussel
Délégué ministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 @ Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
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Parcours
Délégué ministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024
Co-président du groupe d’études : économie du sport
Député La République en marche de la 3e circonscription des Alpes Maritimes
Membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation
Fiche n° 31464, créée le 22/06/2018 à 10:19 - MàJ le 13/10/2024 à 22:11
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