Ligue Nationale de Cyclisme : « À trop tirer sur la corde, il n’y aura plus de course » (Xavier Jan)
« Les frais de sécurisation de parcours ont été multipliés par 4 ou 5 au fil du temps. Ce qui était un budget annexe pour un certain nombre de comités d’organisation est devenu le premier poste de dépense. Certains organisateurs de course n’auront pas la possibilité de suivre l’évolution du cyclisme professionnel, car avec ces 20 % d’augmentation par an, les montants peuvent atteindre les centaines de milliers d’euros. De plus, nous ne pouvons pas anticiper ces frais, car nous ne connaissons pas à l’avance le nombre de gendarmes, de policiers et de véhicules mis à disposition. C’est la surprise au moment de recevoir la facture. Ces différents points amènent à tirer la sonnette d’alarme. Si on tire trop sur la corde, on ne paiera plus rien, car il n’y aura plus de course », déclare Xavier Jan
Président @ Ligue Nationale de Cyclisme (LNC)
, président de la Ligue Nationale de Cyclisme
Activité : la ligue nationale de cyclisme assure la gestion et la coordination de l’ensemble des activités cyclistes à caractère professionnel.
• organisation de la Coupe de France et des…
, à News Tank, le 13/01/2023.
« Notre modèle économique est particulier. Nous côtoyons à la fois des équipes, des coureurs et des organisateurs professionnels et des structures bénévoles qui représentent 80 % de nos organisations. C’est une particularité dans le sport professionnel français », indique le représentant de la LNC
Ligue Nationale de Cyclisme
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« Ce modèle économique tient en trop grande partie à la contribution des familles qui représente 78 % du budget de la Ligue, et au sponsoring, développé notamment autour de la Coupe de France de Cyclisme, qui représente les 22 % restants sur un budget de 2,05 millions d’euros. Nous cherchons à réduire ce déséquilibre dans les années à venir », explique Xavier Jan qui répond aux questions de News Tank.
« Augmenter les ressources de la Ligue pour diminuer la contribution des familles du cyclisme » (X. Jan, Ligue Nationale de Cyclisme)
Pouvez-vous nous présenter la Ligue Nationale de Cyclisme ?
“La Ligue a une mission régalienne qu’elle tient du code du sport. Elle a la gestion, la coordination et la promotion du cyclisme masculin professionnel sur route par une subdélégation de la Fédération Française de Cyclisme Activité : Fédération française de cyclisme sur route, de VTT, de cyclisme sur piste, de cyclo-cross, de BMX, de cyclisme en salle, de vélo couché, de Free Style Park et de polo véloCréation … , qui, elle-même, a une délégation du ministère des Sports. La convention qui nous lie à la FFC Federación de Fútbol de Chile, Fédération chilienne de football définit le périmètre des missions de la Ligue. La LNC est en relation au quotidien avec les cinq autres ligues de sport (LFP, LNR, LNB, LNH et LNV) au sein de l’Association Nationale des Ligues de Sport Professionnel (ANLSP L’Association Nationale des Ligues de Sport Professionnel regroupe les Ligues professionnelles françaises de football, rugby, basketball, handball, volleyball, cyclisme et athlétisme. ).
La LNC a trois salariés : le directeur général Arnaud Platel et deux autres collaborateurs. Nos bureaux sont situés dans le 20e arrondissement de Paris. La Ligue est gérée par un bureau exécutif et un conseil d’administration qui se réunissent en alternance tous les mois. Au quotidien, une équipe constituée d’un président, d’un secrétaire général et d’un trésorier qui, en collaboration avec Arnaud Platel et les salariés de la LNC, a la charge de mettre en application les décisions qui ont été validées.
La FFC fait-elle partie du Conseil d’administration de la Ligue ? Quelles sont vos relations avec la Fédération ?
Le président de la FFC siège de droit au bureau exécutif et au CA de la Ligue, sans droit de vote »Le président de la FFC (Michel Callot
Trésorier @ Comité national olympique et sportif français (CNOSF) • Président @ Fédération Française de Cyclisme (FFC)
Formation :
• 1993 : ESA Grenoble, MSTCF / DESCF Comptabilité Finance
) siège de droit au bureau exécutif et au comité d’administration de la Ligue, sans droit de vote. Inversement, je siège de droit au bureau et au Conseil fédéral, sans droit de vote, et la Ligue a deux représentants élus au Conseil fédéral. Un élu de la Fédération et une personne désignée par celle-ci siègent au CA de la LNC. En l’occurrence, il s’agit de Mélanie Briot qui a la charge d’exposer les problématiques liées à la professionnalisation du cyclisme féminin.
Y a-t-il une volonté de la LNC de récupérer le cyclisme professionnel féminin ?
Aucune velléité à récupérer le cyclisme féminin »Pas du tout. J’ai souhaité que l’on puisse dépolitiser totalement ce débat afin de ne pas ralentir la structuration du cyclisme féminin. Dans le cadre d’un commun accord avec le président de la FFC, nous avons convenu que chaque instance allait collaborer de la meilleure façon possible pour amener au développement et à la structuration du cyclisme professionnel féminin. Aujourd’hui, il n’y a aucune velléité de le récupérer pour différentes raisons. D’abord, nous ne sommes pas structurés pour accueillir le cyclisme professionnel féminin. Ensuite, si un jour le cyclisme professionnel féminin devait intégrer la Ligue, ce serait dans les mêmes prérequis que ceux imposés au cyclisme masculin. À ce titre, il existe une Commission du Sport Pro Féminin au sein de la FFC. Nous y avons des représentants de la LNC, dont moi-même. C’est l’intérêt sportif qui doit prévaloir.
Quel est le modèle économique de la LNC ?
Notre modèle économique est particulier. Nous côtoyons à la fois des équipes, des coureurs et des organisateurs professionnels et des structures bénévoles qui représentent 80 % de nos organisations. C’est une particularité dans le sport professionnel français.
Ce modèle économique tient en trop grande partie à la contribution des familles qui représente 78 % du budget de la Ligue, et au sponsoring, développé notamment autour de la Coupe de France de Cyclisme, qui représente les 22 % restants sur un budget de 2,05 millions d’euros. Nous cherchons à réduire ce déséquilibre dans les années à venir.
Le budget prévisionnel 2023 de la LNC :
• 2 050 297 euros de recettes d’exploitation
• 2 101 792 euros de charges d’exploitation
• Soit un résultat d’exercice incluant le financier et l’exceptionnel de - 52 535 euros.
Environ 10 % du budget est reversé aux aides à destination du secteur amateur. 50 % de ces aides sont adressées aux comités régionaux pour des actions en faveur des jeunes. Les 50 % restants sont alloués à la direction technique de la FFC, toujours dans des missions de développement du cyclisme amateur vers la compétition.
Ce budget comprend une partie non négligeable liée aux assurances, premier poste du budget de la Ligue.
Lors de l’assemblée générale de la LNC du 02/12/2022, ASO Amaury Sport Organisation est une entreprise créatrice et organisatrice d’événements sportifs internationaux, filiale du Groupe Amaury, groupe de médias et de sports propriétaire de L’Équipe. a indiqué que sa contribution représentait 60 % de la manne financière des familles du cyclisme et a alerté sur le danger d’une dépendance. Quel est votre regard sur ce risque ?
Injuste et inéquitable que les licenciés de base paient, via leur cotisation, pour la sinistralité observée sur le Tour de France »On peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Au niveau des assurances, une tarification est définie en fonction de la taille des équipes, de leur classification, des épreuves et de la catégorie des équipes qui paient elles aussi une quote-part d’assurance. Il existe également une convention entre la FFC et ASO, soit une contribution exceptionnelle qui s’inscrit dans le temps et qui transite par la Ligue.
Un audit réalisé par le passé a mis en avant que l’augmentation de la sinistralité du cyclisme était principalement due à des accidents qui avaient eu lieu sur le Tour de France (organisé par ASO). De ce fait, il apparaissait que la contribution d’ASO à la prime globale d’assurance ne correspondait pas à cette sinistralité. Il a alors a été convenu d’un rééquilibrage de la contribution d’ASO. Il était injuste et inéquitable que les licenciés de base paient, via leur cotisation, pour la sinistralité observée sur le Tour de France. Des décisions ont été prises par rapport à une contribution complémentaire. Ainsi, en l’enlevant, la part d’ASO à la contribution des familles du cyclisme représente plus 30 % que 60 %.
Le poste assurance est une charge importante. Les équipes ont l’obligation de s’assurer. Elles cotisent pour s’assurer sur d’autres aspects. Ces cotisations servent essentiellement à payer une prime d’assurance qui vise avant tout à protéger les organisateurs des incidents qui pourraient avoir lieu durant les compétitions. C’est au titre de la solidarité que les équipes contribuent au paiement de l’assurance et c’est en ce sens que l’interprétation brute des chiffres peut être trompeuse.
En 2023, il y aura une augmentation de la charge d’assurance de 24,5 % après renégociation de contrat avec votre assureur. En AG, vous avez annoncé que l’augmentation serait prise en charge par la LNC, et non les familles du cyclisme. Pourquoi cette décision ?
Nous sommes liés à la Fédération via une assurance commune »Nous sommes liés à la Fédération via une assurance commune. Ce contrat arrivant à échéance, il a été renégocié par la FFC avec un appel d’offres selon les dispositions réglementaires. La sinistralité a fait augmenter l’ensemble du contrat d’assurance de la Fédération. La LNC a une quote-part à prendre en charge sur un contrat qui la lie sur les quatre prochaines années.
Nous avons pris cette décision de prendre en charge cette augmentation, car nous sommes dans un moment particulier. L’inflation entraîne une hausse des coûts. Année par année, les frais de sécurité des parcours augmentent, tout comme les droits d’enregistrement des courses. Ces augmentations cumulées face à une incertitude économique et une difficulté accrue de nos organisateurs dans leur démarche de recherche de partenaires privés ou des collectivités, font que nous avons décidé de prendre sur les fonds propres de la Ligue.
Vous avez aussi évoqué une problématique concernant les frais de sécurisation de parcours…
Une augmentation moyenne des frais de 20 % par an pour arriver à 20 euros de l’heure par agent mobilisé »C’est un dossier qui n’est pas nouveau. Un arrêté du 28/10/2010 fixe le montant de remboursement des frais de police et de gendarmerie. Il a été complété par un arrêté du 24/12/2014. Ce qu’il faut retenir de ces textes, c’est que nous avons connu une augmentation moyenne des frais de 20 % par an pour arriver à 20 euros de l’heure par agent mobilisé. Par ailleurs, nous n’avons pas les moyens de contrôler combien de véhicules sont utilisés par les forces de l’ordre et comment ils le sont. On peut très bien vous facturer un véhicule à la journée alors qu’il a simplement déposé un agent de la caserne à son point de contrôle. Un certain nombre de demandes ont été formulées, notamment au sujet de la facturation à l’heure.
Les frais ont été multipliés par 4 ou 5 au fil du temps. Ce qui était un budget annexe pour un certain nombre de comités d’organisation est devenu le premier poste de dépense. Certains organisateurs de course n’auront pas la possibilité de suivre l’évolution du cyclisme professionnel, car avec ces 20 % d’augmentation par an, les montants peuvent atteindre les centaines de milliers d’euros. De plus, nous ne pouvons pas anticiper ces frais, car nous ne connaissons pas à l’avance le nombre de gendarmes, de policiers et de véhicules mis à disposition. C’est la surprise au moment de recevoir la facture. Ces différents points amènent à tirer la sonnette d’alarme. Si on tire trop sur la corde, on ne paiera plus rien, car il n’y aura plus de course.
Cette facturation concerne aussi les autres sports professionnels dans la sécurisation des enceintes sportives, mais nous avons la particularité de concourir sur la voie publique avec des dispositifs qui peuvent évoluer d’une année sur l’autre. Cela amène même certains organisateurs à établir les parcours en fonction du coût des frais alloués à la sécurisation de la course. Avec Michel Callot, président de la FFC, nous avons envoyé un courrier conjoint à la ministre des Sports sur le sujet. Cette sensibilisation a aussi lieu auprès de l’ANSLP. Nous sommes très inquiets de cette situation au regard des impacts que cela provoque sur les budgets. En Belgique, ils ne paient pas de frais de sécurité. Ils ont moins de force de l’ordre mises à disposition, mais les ont gratuitement.
Quelle est la stratégie de développement de la LNC en matière de partenariats ?
Développer les moyens financiers de la Ligue, c’est aussi développer la structuration du cyclisme pro »Ce canal de revenus vise à augmenter les ressources de la Ligue pour diminuer la contribution des familles du cyclisme. Nous devons évoluer sur ce vecteur car nous restons trop fragiles économiquement et trop liés au nombre d’épreuves et d’équipes participantes. La disparition de l’une d’elles n’est pas sans conséquence sur les finances de la Ligue au regard de ses cotisations. Développer les moyens financiers de la Ligue, c’est aussi développer la structuration du cyclisme professionnel et notamment de nos organisateurs bénévoles.
Nous devons aller vers une évolution de ces structures. La Ligue n’est pas détentrice du calendrier et des épreuves, elle ne fait que les coordonner. Nous avons un gros travail de mutualisation des charges à faire. Nous devons être en mesure de pouvoir mieux accompagner les organisateurs, pérenniser leurs épreuves et assurer le maintien de ce calendrier français qui est le premier au niveau mondial.
Que proposez-vous aux partenaires intéressés pour vous accompagner ?
Le cyclisme et la Ligue ont de gros atouts à faire valoir en matière de partenariats RSE »Nos partenaires sont visibles sur les 17 manches de la Coupe de France qui se déroule tout au long de la saison. Il y a différents types de partenaires. Nous sommes dans un tournant sociétal sur la RSE Responsabilité sociale des entreprises . Le cyclisme dans sa globalité a tous les atouts pour mettre en avant un certain nombre de valeurs qui intéressent grandement des investisseurs et des collectivités. Nous sommes passés d’un monde où les partenaires venaient chercher de l’affichage et de la visibilité, ce qui peut être encore le cas, à celui de l’association de valeurs. Le cyclisme et la Ligue ont de gros atouts à faire valoir en la matière.
La LNC s’est résolument engagée sur ce domaine RSE. Nous avons défini nos valeurs d’équité, de respect, d’équilibre entre le sport et le business, de la défense de l’intérêt sportif avant tout, dans un cyclisme responsable, ouvert et solidaire. C’est notre plateforme de marque. Ce sont des valeurs qui intéressent les entreprises.
En l’espèce, pouvez-vous nous présenter votre collaboration avec « La vie est belt » ?
Ce partenariat est tout sauf anecdotique, car il coche toutes les cases de ce que peut-être une démarche RSE : la revalorisation de matériel, la mobilisation de personnes en situation de handicap, un partenariat sans retour financier pour la Ligue, mais qui porte un message de sensibilisation sur notre empreinte carbone. Ce partenariat est une première pierre posée à l’édifice.
Maintenant, c’est loin d’être suffisant et on ne compte pas s’arrêter là. La Ligue doit s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue de sa structuration. Nous devons faire connaître et valoriser nos pratiques, et ainsi assurer la durabilité de nos organisations en prenant en compte notre empreinte carbone.
Vous souhaitez intensifier votre stratégie sur ce volet RSE …
s’associer à toutes les démarches qui vont valoriser la pratique du cyclisme »C’est une perspective de croissance pour nous. Le cyclisme est un sport qui va à la rencontre des gens, qui anime les territoires. La pratique du vélo comme moyen de transport est la solution de mobilité pour nos villes et nos campagnes.
Notre démarche de RSE doit nous permettre de renforcer notre crédibilité vis-à-vis de la population, des collectivités et des investisseurs. Il faut s’associer à toutes les démarches qui vont valoriser la pratique du cyclisme. Une commission travaille sur ces sujets depuis un an. Nous devons être novateurs, car avec l’exemplarité qu’exige le sport, on va nous en demander de plus en plus dans le futur. La LNC s’inscrit donc résolument dans cette démarche responsable. Par rapport à d’autres sports, le cyclisme est ancré dans cette notion environnementale et sociétale. On parle de désertification des campagnes : le cyclisme est un sport qui passe sur le pas de porte des gens. On emmène les plus grands champions dans les plus petits villages. On a tous les atouts pour être moteur dans ce type de démarches. À nous d’aller bien plus loin."
Parcours
Président
Trésorier
Trésorier
Cycliste professionnel
Cycliste professionnel
Cycliste professionnel
Fiche n° 48418, créée le 26/01/2023 à 17:38 - MàJ le 27/11/2023 à 12:48
Ligue Nationale de Cyclisme (LNC)
Activité : la ligue nationale de cyclisme assure la gestion et la coordination de l’ensemble des activités cyclistes à caractère professionnel.
• organisation de la Coupe de France et des championnats de France
• anciennement Ligue du Cyclisme Professionnel Français (LCPF)
Création : 27/06/2008
Statut : association régie par la loi 1901
Président : Xavier Jan
Directeur général : Arnaud Platel
Chiffre d’affaires (2023) : 2,05 M€
Partenaire :
• FDJ : 2019-2024
Diffuseurs :
• Eurosport : Coupe de France FDJ ( jusqu’en 2027)
• France TV : Coupe de France FDJ ( jusqu’en 2027)
Catégorie : Instances
Adresse du siège
38, rue du Surmelin75020 Paris France
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Fiche n° 8685, créée le 23/05/2019 à 04:04 - MàJ le 11/12/2023 à 17:23
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