Insertion professionnelle : « Le sport est une forme de diplôme » (Jean-Philippe Acensi, APELS)
« Aujourd’hui, l’Agence pour l’éducation par le sport (APELS
Agence pour l’Éducation par le Sport
) est une association d’accès à l’emploi des jeunes peu ou pas diplômés faisant du sport, lequel est une forme de diplôme finalement. Beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui en tension, en recherche de personnes fiables avec lesquelles s’engager dans la durée. Proposer de tels candidats constitue la promesse que nous faisons à ces entreprises », déclare Jean-Philippe Acensi
Président @ Agence pour l’éducation par le sport (APELS)
, président de l’APELS, à News Tank le 10/01/2023.
France Compétences, institution publique dont la mission est d’assurer le financement, la régulation et l’amélioration du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage, a récemment attribué à l’APELS la certification pour le nouveau métier de coach d’insertion professionnelle par le sport qui a été lancé officiellement le 18/11/2022. L’insertion professionnelle par le sport s’inscrit justement dans la feuille de route d’Amélie Oudéa-Castéra
• ENA (2002-2004)
Administration publique
• ESSEC Business School (1999-2001)
Master of Business Administration
• Université Panthéon Sorbonne (Paris I) (1999-2001)
Maîtrise de droit
, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, pour améliorer l’accès à l’emploi dans le contexte de la préparation des Jeux de Paris 2024.
« Pour devenir coach d’insertion, la formation est de 250 heures, soit cinq semaines, à l’occasion desquelles on va approfondir la relation avec l’entreprise, apprendre à appréhender un recruteur, à construire un parcours professionnel, la posture, etc. Il ne s’agit plus d’être un simple éducateur qui acquiert des compétences techniques, mais d’être dans une optique de vraiment insérer les jeunes », indique-t-il.
« En France, nous avons des éducateurs assez exceptionnels, parmi les meilleurs du monde. Ils sont d’ailleurs sous-estimés. Nous ne sommes pas champions olympiques dans cinq disciplines de sport collectif par hasard. Il y a, en amont, des petits clubs, notamment dans les quartiers, qui font un travail extraordinaire », ajoute Jean-Philippe Acensi, qui répond aux questions de News Tank.
« Nous nous sommes engagés à former au minimum 1 000 coachs d’insertion par le sport dans les trois années à venir » (J.-P. Acensi, APELS)
Quand l’APELS a-t-elle été créée ?
L’APELS est une association qui existe depuis 25 ans. Elle a été fondée par Jean-Claude Perrin, l’ancien entraineur des perchistes français. Il a eu l’idée à l’époque de valoriser toutes les initiatives sociales, d’éducation et d’insertion dans le sport. Pendant une quinzaine d’années, un appel à projets a recensé un millier d’initiatives et est presque devenu une politique publique en soi puisque le ministère des Sports s’y est largement associé. Cela a permis de démontrer la force du sport sur le plan éducatif et social.
C’est-à-dire ?
A travers le sport, on apprend quatre choses essentielles :
- Pratiquer dans la diversité. Les clubs sont des lieux assez uniques où des jeunes d’horizons très différents font du sport entre eux, ce qui est précieux pour lutter contre le racisme par exemple.
- Le lien social. On apprend la fraternité, grâce au travail de nombreux bénévoles qui encadrent les jeunes.
- Le défi permanent de préparer collectivement une performance sportive.
- La maitrise de soi, le contrôle de la défaite et la gestion de la victoire.
Nous serions un tout petit pays de sport sans les quartiers populaires »L’identification de ces quatre savoirs est le fruit de 15 années à constater la force éducative du sport. L’autre élément fondamental, c’est le coach, l’éducateur sportif. En France, nous avons des éducateurs assez exceptionnels, parmi les meilleurs du monde. Ils sont d’ailleurs sous-estimés. Nous ne sommes pas champions olympiques dans cinq disciplines de sport collectif par hasard. Il y a, en amont, des petits clubs, notamment dans les quartiers, qui font un travail extraordinaire. C’est d’ailleurs une particularité française. Nous serions un tout petit pays de sport sans ces quartiers populaires. Il n’y a qu’à voir les joueurs qui composent l’équipe de France de football. Beaucoup d’entre eux en sont originaires. C’est la même chose en boxe, de plus en plus dans le rugby également.
Que fait concrètement l’APELS pour valoriser ces compétences des jeunes ?
Nous nous sommes appuyés sur ces années de recensement de valorisation pour créer, il y a un peu moins de 10 ans, notre programme d’inclusion. Aujourd’hui, l’APELS est une association d’accès à l’emploi des jeunes peu ou pas diplômés faisant du sport, lequel est une forme de diplôme finalement.
Nous avons placé 600 jeunes au Crédit Agricole sur les sept dernières années »Beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui en tension, en recherche de personnes fiables avec lesquelles s’engager dans la durée. Proposer de tels candidats constitue la promesse que nous faisons à ces entreprises. Et la bonne nouvelle, c’est que ça marche. Nous avons placé 600 jeunes au Crédit Agricole sur les sept dernières années par exemple. Nous avons monté une première école à Garges-Lès-Gonesse avec trois coachs formés qui accompagnent vers l’emploi entre 30 et 50 jeunes par an, soit près de 150 au total.
Nous nous appuyons sur des éducateurs sportifs de football, de boxe, de basket, etc. à qui nous allons apporter toute la compétence d’insertion : comment monter un projet professionnel, comment créer du lien avec une entreprise, comment parler à un recruteur, comment développer son propre métier de coach, etc.
L’APELS vient de se voir attribuer par France Compétences la certification pour le nouveau métier de coach d’insertion professionnelle par le sport. Cela a-t-il pris du temps ?
Nous savions dès le départ que la base de notre projet serait la qualité des coachs. Nous nous sommes donc très vite concentrés sur leur formation. Nous sommes ainsi rentrés en contact avec France Compétences et le ministère du Travail assez vite. Mais construire un métier prend beaucoup de temps. Il a fallu trois ou quatre ans pour le faire valider.
Politiquement, le fait que Paris organise les Jeux de 2024 a-t-il joué un rôle dans la prise de conscience de l’intérêt de ce nouveau métier ?
Le contexte est certainement favorable, avec une ministre, Amélie Oudéa-Castéra, qui a poussé le sujet, mais nous avions lancé tout cela bien avant. Nous avons surtout pu compter sur nos résultats. Globalement, le ministère du Travail a permis à beaucoup d’acteurs comme nous de développer des programmes d’insertion.
Comment se déploie le lancement de ce nouveau métier ?
Nous le lançons à grande échelle pour tous les éducateurs sportifs. Ceux qui travaillent dans les collectivités locales, dans des clubs de sport, ou dans des fédérations. Ils peuvent aujourd’hui se former à ce nouveau métier. Il y a un premier niveau qui est celui d’animateur, à travers une formation de 15 jours durant laquelle il s’agira d’identifier les soft skills des jeunes pour ensuite leur présenter comment opérer le transfert vers l’entreprise grâce à leurs qualités. Nous avons déjà formé plus de 300 animateurs. Les retours sont très bons.
Pour devenir coach d’insertion, la formation est de 250 heures, soit cinq semaines, à l’occasion desquelles on va approfondir la relation avec l’entreprise, apprendre à appréhender un recruteur, à construire un parcours professionnel, la posture, etc. Il ne s’agit plus d’être un simple éducateur qui acquiert des compétences techniques, mais d’être dans une optique de vraiment insérer les jeunes.
Sur la partie animateur, vous allez plutôt vers les jeunes pour leur proposer une formation, ou est-ce qu’il s’agit surtout de répondre à une forte demande de leur part ?
Ces deux logiques coexistent même si nous sommes davantage à aller vers eux, afin de leur redonner confiance. Dans beaucoup de quartiers, c’est ce lien de confiance qui s’est rompu, surtout quand on n’a pas de diplôme. Notre objectif est donc de revitaliser, d’aller chercher ces jeunes, les remettre en lien avec le service public de l’emploi.
Le sport est incomparable pour recréer une ambiance avec des jeunes qui sont sortis du système scolaire »Sur les 150 jeunes de la première promotion de Garges-Lès-Gonesse, dont on fête le premier anniversaire en ce mois de janvier 2023, 80 % ne sont pas identifiés par Pôle Emploi ou les missions locales. Et c’est là où le sport est incomparable pour recréer une ambiance avec des jeunes qui sont sortis du système scolaire mais qui ont de la valeur, du talent, qui sont résilients et qui peuvent ainsi apporter quelque chose à l’entreprise.
Quels sont vos objectifs ?
Nous nous sommes engagés à former au minimum, dans les trois années à venir, 1 000 coachs d’insertion par le sport. Nous sommes organisés dans les différentes régions, en métropole et dans les Outre-Mer à la Réunion et en Guyane. Il est donc possible de se former un peu partout sur le territoire.
Nous travaillons avec 8 fédérations : boxe, basketball, voile, judo, badminton, tennis de table, clubs omnisports et athlétisme »Le coût d’une formation de coach d’insertion par le sport s’élève à 5 500 €, avec une possibilité de co-financement par les OPCO OPérateur de COmpétences. Organisme agréé par l’État chargé d’accompagner la formation professionnelle pour quelqu’un qui travaille dans un club, ou par le CNFPT pour quelqu’un qui travaille dans une collectivité locale. Plus de 300 coachs ont déjà été formés. Nous travaillons avec huit fédérations : boxe, basketball, voile, judo, badminton, tennis de table, clubs omnisports et athlétisme.
Nous allons former des éducateurs pour le monde sportif français, environ 30 à 40 000 jeunes accompagnés par le sport au total. C’est énorme. C’est même une nouvelle ouverture pour ce monde sportif français. Cela traduit le dynamisme très fort de ce que nous proposons.
Jean-Philippe Acensi
Président @ Agence pour l’éducation par le sport (APELS)
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Fiche n° 48293, créée le 13/01/2023 à 08:58 - MàJ le 13/01/2023 à 10:41
« Le sport comme diplôme », le credo de l’APELS
• Créée en 1997, l’Agence pour l’Éducation par le Sport, qui fête cette année ses 25 ans, est une association nationale d’inclusion par le sport destinée à la jeunesse peu ou non diplômée.
• Elle permet à des jeunes issus des territoires d’être reconnus pour leurs compétences et valeurs, de prendre en main leur avenir et d’accéder à l’emploi.
• En 2021, l’APELS a lancé l’Ecole de l’Inclusion par le sport. A travers ses deux programmes phares, « Déclics Sportifs » et « Pulse ton avenir », elle a déjà permis à près de 3 000 jeunes d’entrer sur le marché du travail et à plus de 400 entreprises de recruter autrement avec succès.
Agence pour l’Éducation par le Sport
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