ExclusifSociété commerciale LFP : « Une bonne initiative et un bon deal pour les deux parties » (Arnaud Simon)
« Sur le papier, c’est quelque chose de positif (la création d’une société commerciale par la LFP
Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT)
et la participation du fonds d’investissement américain CVC Capital Partners
Activité : Private equity (capital-investissement)
Création : 1981
Siège social : Luxembourg. 24 bureaux dans le monde
Siège social France : 49 avenue de l’Opéra, 75002 Paris
Actionnariat : CVC…
dans cette société à hauteur de 13 % pour 1,5 milliard d’euros). Vincent Labrune
Président @ Ligue de Football Professionnel (LFP)
a réussi à transformer la crise que traversait le football français en opportunité. C’est une bonne initiative prise par la LFP. Je pense que c’est un bon deal pour les deux parties. Cela peut montrer le chemin à suivre pour d’autres Ligues en France si cela fonctionne », déclare Arnaud Simon
Président Fondateur @ In and Out Stories
Formation :
• 1992 : ESCP
- Mastère Information et Média
• 1988 - 1991 : E.M Lyon (Ecole Supérieure de Commerce de Lyon)
, directeur général d’In&Out Stories, société de conseil pour organisations sportives nationales et internationales, à News Tank, le 14/04/2022.
« Le modèle de la prochaine consultation pour les droits médias sur le marché français va forcément être différent. Je ne pense pas qu’on puisse continuer sur un cadre trop rigide d’un appel d’offres classique, très juridique, mais pas assez économique. Ce cadre doit couvrir les enjeux business avec en ligne de mire la priorité du service aux fans », affirme Arnaud Simon.
« Le club est l’unité de proximité et d’animation unique et irremplaçable des communautés de fans. Au-delà du storytelling, une réflexion me paraît nécessaire sur un accès plus large et plus rapide aux images de leurs matches : résumés de quelques minutes, extraits courts “postables” sur les réseaux, etc. Ils peuvent, ont envie et doivent participer davantage à la création de valeur digitale pour eux-mêmes, pour la Ligue et pour les partenaires », ajoute l’ancien directeur général d’Eurosport France.
« Il serait important pour la société commerciale de s’atteler à quatre chantiers prioritaires, que j’appellerai les “4R” : revenus, rayonnement, réappropriation et renforcement du leadership », indique Arnaud Simon qui répond aux questions de News Tank.
« Les revenus de la Ligue ne peuvent, de mon point de vue, que progresser » (A. Simon)
Que pensez-vous de l’accord entre la LFP et CVC ?
Une réussite sur le plan politique »Sur le papier, c’est quelque chose de positif. C’est déjà une réussite sur le plan politique puisqu’il a fallu, en un temps record, convaincre toutes les parties prenantes : les Pouvoirs publics, la FFF Fédération Française de Football , l’UNFP Union Nationale des Footballeurs Professionnels et bien entendu les clubs qui ont validé le projet à l’unanimité. Vincent Labrune a réussi à transformer la crise que traversait le football français en opportunité. C’est une bonne initiative prise par la LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) . Je pense que c’est un bon deal pour les deux parties. Cela peut montrer le chemin à suivre pour d’autres Ligues en France si cela fonctionne.
L’enjeu : transformer cette réussite politique en réussite économique »Maintenant, l’enjeu est de transformer cette réussite politique en réussite économique. On a beaucoup entendu parler du ballon d’oxygène financier que représentait l’arrivée de CVC pour les clubs, de la répartition des fonds ou de l’importance du Paris Saint-Germain Activité : club de football professionnel français Bureaux administratifs : 53, avenue Emile Zola, 92100 Boulogne-Billancourt Top sponsors : • Nike (équipementier) : 20 M€ par an de 2014-15 … dans la réussite de ce projet, mais assez peu du futur fonctionnement de la société commerciale et de ses enjeux.
Société commerciale : accord unanime sur la répartition des sommes
Les clubs de Ligue 1 Uber Eats Appellation du Championnat de France de Ligue 1 pour la période 2020-2024 (15 M€ / saison). ont adopté à l’unanimité le 24/03/2022, (suivis par le conseil d’administration de la LFP le 25 et par les clubs de Ligue 2 le 26/03/2022) la répartition suivante des sommes issues du fonds d’investissement CVC Capital Partners (1,13 milliard d’euros sur 1,5 Md€ investis au total) :
⚽️ Groupe 1 : le Paris Saint-Germain percevra 200 M€.
⚽️ Groupe 2 : l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais toucheront 90 M€ chacun, soit un peu plus que l’OGC Nice, le LOSC Lille, le Stade Rennais FC et l’AS Monaco FC (80 M€)
⚽️ Groupe 3 : chacun des autres clubs recevra 33 M€ en cas de maintien dans l’élite à l’issue de la saison 2021-22.
⚽️ « Chaque club de Ligue 2 touchera 1,5 million d’euros en 2022-23 et encore la même somme la saison suivante. Et on va également donner 16,5 millions d’euros à chacun des promus de Ligue 2 en Ligue 1 en fin de saison », indiquait Vincent Labrune à L’Équipe le 01/04/2022.
Quelles doivent être les priorités de cette société commerciale ?
Une année pour préparer l’appel d’offres des droits médias »Il y a une première échéance qui va arriver vite, c’est la prochaine consultation pour les droits médias qui devrait arriver logiquement au cours du premier semestre 2023 (échéance des contrats à la fin de la saison 2023-24 pour les droits domestiques, mais également les droits internationaux). Si la société commerciale est constituée en juillet 2022, cela laisse une petite année pour préparer cet appel d’offres.
Pour la première fois depuis le crash Mediapro, la LFP a du temps »Pour la première fois depuis le crash Mediapro Activité : groupe audiovisuel (contenus, droits audiovisuels, services audiovisuel et digital & esport) Création : 1994 Sièges sociaux : Barcelone et Madrid Zone géographique : 30… , la LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) a du temps. Pas énormément, mais suffisamment pour anticiper pas mal de choses et ne plus subir. Le modèle de la prochaine consultation sur le marché français va forcément être différent. Je ne pense pas qu’on puisse continuer sur un cadre trop rigide d’un appel d’offres classique, très juridique mais pas assez économique. Ce cadre doit couvrir les enjeux business avec en ligne de mire la priorité du service aux fans.
Il est essentiel d’être véritablement “fan-oriented” »Il est essentiel aujourd’hui d’être véritablement et concrètement « fan-oriented ». Les diffuseurs sont demandeurs, y compris Amazon Activité : e-commerce, services Internet, contenus (VàDA, livre numérique, production cinéma et TV, jeux vidéo, streaming) Création : 1994 Cotation : Nasdaq Actionnariat : • Principaux… , d’être dans une logique de co-construction, de vrais partenariats avec les ayants droit. On voit aujourd’hui que le mode d’attribution « à l’ancienne » des droits et le mode opératoire au quotidien ne le permettent pas et créent même des frustrations pour les partenaires (Canal+, mais également Free qui dénoncent le montant de leur lot, les décisions de programmation, etc). De plus, les modes de commercialisation et d’abonnements qui en découlent ne satisfont pas les fans (trop fragmentés, trop chers et surtout trop rigides).
Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est important aujourd’hui pour une Ligue d’avoir son mot à dire et une influence réelle sur les modalités d’offre de son produit vers les fans, car c’est l’avenir de son IP (propriété intellectuelle) qui est en jeu.
Comment parvenir à cette transformation ?
Il serait important de s’atteler à quatre chantiers prioritaires, que j’appellerai les « 4R » : revenus, rayonnement, réappropriation et renforcement de son leadership.
Revenus : CVC prend des parts dans la société commerciale de la Ligue à un moment où ses revenus ne peuvent, de mon point de vue que progresser.
Il y a presque tout à faire sur le digital »Il y a eu la déconvenue Mediapro Activité : groupe audiovisuel (contenus, droits audiovisuels, services audiovisuel et digital & esport) Création : 1994 Sièges sociaux : Barcelone et Madrid Zone géographique : 30… qui a conduit à une sous-valorisation de la Ligue 1 et à ce deal très opportuniste et malin d’Amazon (250 M€ par saison pour 85 % des matches de Ligue 1 dont 80 % en exclusivité, sur la période 2021-2024). La crise de Covid a affaibli la marge de manœuvre financière de la Ligue. Il y a également ce contrat pour les droits internationaux qui est faible (contrat avec beIN Media Group sur la période 2018-2024 avec un minimum garanti de 480 M€. Le montant pour la saison 2021-22 est d’environ 90 M€) par rapport aux autres grands championnats européens. Et enfin il y a le digital à développer où presque tout est à faire.
CVC arrive au bon moment, la Ligue 1 est une belle prise pour eux »On peut également avancer d’autres arguments comme le potentiel économique des clubs, Paris Saint-Germain en tête, mais aussi l’OL, l’OM et des étoiles montantes comme Rennes, Nice ou Lille, la formation des joueurs, l’équipe de France et bien sûr la puissance du marché économique français. Une chose est sûre c’est que la Ligue 1 est une belle prise pour CVC. Ils arrivent au bon moment. C’est un peu ce qu’ils avaient fait avec la Formule 1, à une époque où les droits étaient en baisse et la base de fans avait du mal à se renouveler. C’est donc un accord qui peut être bénéfique pour les deux parties.
Société commerciale : « On veut mettre la France dans le Top 3 européen en 2027-28 » (Vincent Labrune, LFP)
• « (Nos) droits internationaux (90 M€ par saison) représentent à peine 3 % de ce qui se fait en Europe, les droits domestiques que l’on a aujourd’hui (663 M€ par saison), ce n’est pas la règle, mais l’exception ! Et il y a le digital, qui est un vrai champ des possibles. Il y a donc des perspectives de croissance.
• L’objectif est de réaliser 1,8 milliard d’euros de revenus en 2028. On veut mettre la France, en 2027-28, dans le Top 3 européen. »
Vincent Labrune, président de la LFP, sur le site de L’Équipe le 01/04/2022
Rayonnement :
Une architecture bien pensée entre le rayonnement, la visibilité et les revenus »Lors de la prochaine consultation, va se poser la question de l’articulation entre le gratuit et le payant et en particulier des contenus qui seront accessibles sur les réseaux sociaux. Cette architecture bien pensée entre le rayonnement, la visibilité gratuite et les revenus est fondamentale. Nous ne sommes plus dans un monde qui fonctionne seulement en exclusivités des diffuseurs, car cela devient contreproductif. On a tous en tête ce but de 60 mètres du Stéphanois Wahbi Khazri qui n’a pas été exploité en viral sur le marché français pendant plus de 24 heures car aucun partenaire n’avait le droit d’exploiter ces images dans ce timing d’impact. C’est un cas d’école ! Cet angle mort est la résultante de contrats trop cloisonnés et rigides qui ne sont plus adaptés à la fluidité et la liberté nécessaires dont doivent bénéficier les partenaires et les parties prenantes de l’écosystème pour capitaliser sur toutes les occasions de « viraliser » le produit et la marque. Ces opportunités sont des outils de conquête qu’il ne faut pas manquer, y compris pour nourrir et faire grandir les offres payantes.
Il faut résoudre l’équation “exclusivité + reach = cash” »La construction d’une consultation fructueuse pour un détenteur de droits n’est plus seulement de résoudre l’équation « exclusivité = cash » mais celle plus complexe : « exclusivité + reach = cash ». Dans cette nouvelle équation à trois paramètres les clubs ont un rôle majeur à jouer, en particulier sur le reach (la portée). Il me semble important qu’ils puissent avoir davantage de marge de manœuvre digitale. C’est une réflexion qui mériterait d’être menée avant la prochaine consultation.
Le club est l’unité de proximité et d’animation unique et irremplaçable des communautés de fans. Au-delà du storytelling, une réflexion me paraît nécessaire sur un accès plus large et plus rapide aux images de leurs matches : résumés de quelques minutes, extraits courts « postables » sur les réseaux, etc). Ils peuvent, ont envie et doivent participer davantage à la création de valeur digitale pour eux-mêmes, pour la Ligue et pour les partenaires.
Sur les réseaux sociaux, il faut un cadre revu et flexibilisé »Il ne s’agit pas d’être en mode « open bar » sur les réseaux sociaux, il faut un cadre, mais ce cadre doit être revu et flexibilisé. Cela va permettre aux clubs de monétiser davantage leurs investissements digitaux et à la Ligue de capitaliser sur leur fanbase. Pour accélérer son rayonnement, la Ligue 1 doit libérer les énergies créatives de tous les acteurs de son écosystème.
Créer les conditions d’un dialogue retrouvé et apaisé avec Canal+ et beIN Sports »Les prochains mois vont être propices à la réflexion et aux échanges sur cette nouvelle architecture en associant l’ensemble des partenaires. Dans le cadre de cette démarche, cette nouvelle entité doit donc également créer les conditions d’un dialogue retrouvé et apaisé avec des partenaires domestiques forts comme Canal+ et beIN Sports.
Réappropriation : Ce que j’entends par réappropriation, c’est la reprise de la maîtrise de certains sujets par la Ligue via cette société commerciale.
Indispensable que la Ligue lance un projet direct-to-consumer dans les 12 prochains mois »Il me semble indispensable que la Ligue lance un projet direct-to-consumer (plateforme OTT
Over-the-top
) dans les 12 prochains mois. C’est le chantier digital prioritaire. Il faut préempter ce territoire, c’est essentiel. Non pas bien sûr en concurrence des partenaires diffuseurs mais en complémentarité de contenus, de géographie et de services. Les exemples très récents du lancement de FIFA+
La FIFA lance FIFA+, « sa propre plateforme OTT accessible gratuitement pour les amateurs de football », annonce l’instance le 12/04/2022. La plateforme est dans un premier temps disponible en cinq…
dans le monde entier ou du Liga Pass en Indonésie et Thaïlande
LaLiga lance sa nouvelle plateforme OTT « LaLiga Pass » qui propose l’intégralité des compétitions de LaLiga Santander et LaLiga SmartBank, ainsi que d’autres contenus exclusifs, indique l’instance…
montrent la voie.
Cet outil va permettre de mieux répondre aux enjeux de reach et d’engagement et doit être également conçu pour anticiper les convergences à venir dans le digital (expérience augmentée (Type Xray), gaming (type RedZone NFL National Football League, Ligue professionnelle US de football américain ), métavers, betting, ticketing, merchandising, etc…
Une offre digitale Ligue 1 embarquée dans des offres de plateformes puissantes »Enfin cette offre digitale Ligue 1 n’a pas vocation à vivre uniquement seule ou en complément mais aussi à être embarquée dans des offres de plateformes puissantes multi-genres comme Apple TV, Prime Video, Discovery+, Samsung TV et autres avec une approche tactique, marché par marché… Tout cela n’est pas de la science-fiction mais la réalité business des accords dans les deux prochaines années.
Renforcement du leadership :
Un détenteur de droits est aujourd’hui plus que jamais responsable de la valorisation de son produit »On voit bien que cette nouvelle entité commerciale va piloter directement l’ensemble des enjeux de valorisation économique du produit Ligue 1. C’est un changement de fonctionnement très fort. Un détenteur de droits est aujourd’hui plus que jamais à la manœuvre car responsable de la valeur et du rayonnement de son produit. Etant donné que les diffuseurs et les partenaires changent, la vision stratégique doit être tracée et opérée par le propriétaire de l’IP.
Cela veut dire par exemple que cette nouvelle entité commerciale doit réfléchir à comment avoir un impact sur la façon dont ses droits seront exploités et commercialisés auprès des fans, directement sur son offre digitale, mais aussi par ses partenaires. Coller à l’évolution permanente des modes de consommation va guider la stratégie.
Une reprise en main à 360 degrés »C’est une reprise en main à 360 degrés de la valeur économique du produit Ligue 1 dont on parle avec cette nouvelle entité et les chantiers à mettre en œuvre dans les 12 prochains mois constituent autant de formidables opportunités de rebond.
Il faudrait un modèle de management hybride »Dans cette logique, il serait souhaitable que le leadership opérationnel de cette structure opte pour un modèle de management hybride incluant des compétences de la LFP, mais aussi des compétences externes issues du monde des médias et du digital, avec bien entendu le soutien et l’expertise internationale de CVC. Cela ne pourra que développer la capacité de force de propositions et d’innovation au sein de la structure.
Arnaud Simon
Président Fondateur @ In and Out Stories
Formation :
• 1992 : ESCP
- Mastère Information et Média
• 1988 - 1991 : E.M Lyon (Ecole Supérieure de Commerce de Lyon)
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Fiche n° 2483, créée le 06/03/2014 à 15:13 - MàJ le 06/01/2021 à 19:19
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