Fédération des Socios de France : « Faire la promotion de l’actionnariat populaire » (J. Chatonnier)
« La vocation de la ”FSF” est de faire la promotion de l’actionnariat populaire, mutualiser nos contacts, mais aussi nos idées et les ressources humaines, les retours d’expérience, et la création d’une boîte à outils pour les futures associations qui verraient le jour. La promotion de l’actionnariat populaire en France est quasiment inexistante, et c’est notre responsabilité de faire comprendre qu’une autre voie est possible pour aider nos clubs quand ils sont en difficulté, mais aussi et surtout quand ils vont bien », déclare Jérémy Chatonnier, président de la Fédération des Socios de France, à News Tank, le 10/06/2024.
« De manière générale, les collectivités locales voient les mouvement socios d’un très bon oeil. Mais cela dépend de la situation financière du club. C’est malheureusement parfois quand un club est en mauvaise posture qu’un projet d’actionnariat populaire a le plus de chance d’aboutir, car les collectivités locales deviennent décisionnaires. De nombreux élus locaux nous aident déjà au quotidien pour essayer de favoriser la promotion de ce modèle », indique celui qui est également président de l’association Socios Verts.
« La vente de l’AS Saint-Étienne
Activité : club de football professionnel français
Partenaires majeurs :
• Hummel (équipementier) : 2022-2027• Kelyps Intérim (RH) : sponsor manche de 2022-23 à avril 2024, sponsor maillot…
(promue en Ligue 1
1ère division française, 18 clubs depuis 2023-24
2024-25) est une bonne chose pour pérenniser l’ASSE
Association Sportive de Saint-Étienne
. Les anciens actionnaires étaient au bout de leurs capacités à la fois financières et humaines. Nous travaillons afin de présenter le projet Socios Verts le plus vite possible au nouveau propriétaire (Kilmer Sports Ventures) », ajoute Jérémy Chatonnier, qui répond aux questions de News Tank.
« L’actionnariat populaire n’est pas un ultime recours, mais une valeur ajoutée pour tous les clubs » (Jérémy Chatonnier)
Comment est née la Fédération des Socios de France ?
Nous, associations de supporters en faveur de l’actionnariat populaire, nous sommes réunis lors du mois d’octobre 2023 après plusieurs rencontres antérieures. Nous voulions concrétiser certaines de nos actions communes, avec la création de cette fédération, officialisée en février 2024.
Comment s’organise cette fédération ?
J’en suis le président. François Michel, du collectif “Sauvons Nîmes Olympique”, est le secrétaire, et Théo Armbruster, de Sociochaux, en est le trésorier.
Sept associations fondatrices et deux nouveaux membres depuis la création de la fédération »La fédération est composée de sept associations fondatrices, dont quatre actionnaires de leur club de football : le Socios Étoile Club Bastiais (SC Bastia Activité : club de football professionnel français Structure juridique : SA SCIC (Société anonyme / Société coopérative d’intérêt collectif) depuis 2019 Partenaire majeur : • Oscaro Power… ), Sociochaux (FC Sochaux-Montbéliard Activité : club de football professionnel français Equipementier :• Nike (USA) : 2020-2023, puis Eldera (FRA) sur le cycle 2023-2028Sponsor maillot principal :• EIMI (efficacité énergétique) … ), les « Kalon » de Guingamp (EA Guingamp Activité : club de football français Partenaires majeurs :• Celtigel (entrées et plats cuisinés surgelés)• Jardiman (jardinerie)• Vital Concept (laiterie)• Breizh Cola (boissons)• Cré'actuel… ) et la Fédération des Culs Rouges de Rouen (FC Rouen Description : Club de football professionnel françaisDate de fondation : 1899Lieu : Rouen, FranceStade : Stade Robert DiochonPrésident : Charles Maarek ).
Trois autres associations en sont encore au stade de projet : Socios Verts (AS Saint-Étienne) dont je suis le président, Socios Nancy (AS Nancy-Lorraine Activité : club de football professionnel français Partenaires majeurs : • Kipsta (équipementier) • Hyundai (automobile) : sponsor maillot principalTous les partenaires du club sont à retrouver… ) et le collectif Sauvons Nîmes Olympique.
Enfin, deux associations nous ont rejoints depuis la création de la fédération : Socios Metz et notre premier adhérent hors football avec le projet Aginnum pour le SU Agen Activité : club de rugby professionnel Création : 1908 Stade : Stade Armandie (13 863 places) Palmarès : 8 titres de champion de France Président du conseil de surveillance : Alain… (Pro D2 Deuxième division française de rugby - 16 clubs ).
Quelle est la vocation de la « FSF » ?
Principalement de faire la promotion de l’actionnariat populaire, mutualiser nos contacts, mais aussi nos idées et les ressources humaines, les retours d’expérience, et la création d’une boîte à outils pour les futures associations qui verraient le jour.
La promotion de l’actionnariat populaire en France est quasiment inexistante, et c’est notre responsabilité de faire comprendre qu’une autre voie est possible pour aider nos clubs de football et de sport quand ils sont en difficulté, mais aussi et surtout quand ils vont bien.
Une voie de transmission entre un club et ses fans, les collectivités, les anciens joueurs, les acteurs économiques »Cette fédération, pour l’instant majoritairement composée d’associations liées à des clubs de football, a le but de s’ouvrir à tous les sports.
Quelles sont les vertus de l’actionnariat populaire que vous souhaitez mettre en avant ?
La valorisation de la marque, l’aide sur le volet RSE Responsabilité sociale des entreprises , le renforcement de l’identité club, la transmission de valeurs communes. Ce sont des sujets qui intéressent grandement les clubs, quand on voit leurs problématiques actuelles.
Militez-vous pour un actionnariat populaire majoritaire ou minoritaire ?
Toutes les voies sont possibles, même si le modèle français est plutôt sur un actionnariat minoritaire en très grande majorité. L’idée est d’avoir une voie de transmission entre un club et ses supporters, les collectivités locales, les anciens joueurs, les acteurs économiques locaux. Avoir des supporters représentants au sein des différents conseils d’administration est une bonne solution pour cela.
Quels exemples d’actionnariat populaire mettez-vous en avant ?
Sociochaux marche très bien, tout comme le Socios Etoile Club Bastiais. Ces deux groupes sont très impliqués dans la prise de décisions concrètes.
Par exemple à Bastia, ils s’attèlent à l’acheminent des supporters avec la société des chemins de fer de la Corse (CFC) pour rassembler les fans de Bastia au Stade de Furiani, ou encore en matière d’aménagement du stade dans le cadre des travaux de rénovation, en coopération avec le club et les collectivités locales.
À Sochaux, parmi les accomplissements figurent les tickets suspendus : les personnes qui n’avaient pas forcément les moyens d’aller au stade ont pu retirer des places gratuitement. C’est une façon d’incarner le football social et populaire.
À l’étranger, l’Allemagne, dans sa culture, est un modèle pour nous, avec cette fameuse règle du 50+1.
Comment convaincre et rassurer des fonds, hommes d’affaires ou grandes entreprises propriétaires de clubs quant au bien-fondé de l’actionnariat populaire ?
Il faut beaucoup de pédagogie, faire connaître les projets en cours, les clubs où ce modèle existe déjà, et où cela se passe très bien.
Quid des collectivités locales ?
De manière générale, elles voient les mouvement socios d’un très bon oeil. Mais cela dépend de la situation financière du club. C’est malheureusement parfois quand un club est en mauvaise posture qu’un projet d’actionnariat populaire a le plus de chance d’aboutir, car les collectivités locales deviennent décisionnaires. De nombreux élus locaux nous aident déjà au quotidien pour essayer de favoriser la promotion de ce modèle.
Vous avez peur que l’actionnariat populaire ne soit vu que comme une ultime issue ?
C’est justement l’un des buts de la fédération de faire comprendre que l’actionnariat populaire n’est pas un ultime recours, mais une valeur ajoutée pour tous les clubs.
De nombreux clubs se vendent à des tarifs assez bas, comparé au prix de certains joueurs »La capacité de financement est-elle une des limites de l’actionnariat populaire ?
Il y a des limites, identifiées. La valorisation d’un club de football n’a rien à voir avec le sportif ou une masse salariale. D’ailleurs, de nombreux clubs se vendent à des tarifs assez bas, comparé au prix de certains joueurs. Évidemment, la “limite” financière n’est pas un sujet quand un club est en difficulté, puisque ces capitaux sont très intéressants pour sauver rapidement ce club.
Vous êtes, en parallèle de la FSF, président du projet Socios Verts. Pouvez-vous le présenter ?
Le projet a plus de deux ans. Nous désirons entrer au sein du capital de l’ASSE et avoir une représentation au sein du conseil de surveillance et / ou du conseil d’administration. Nous essayons de nous faire connaître auprès des différents acteurs, des supporters, anciens joueurs, collectivités locales, dirigeants, afin d’être reconnus comme des partenaires fiables.
À quel montant s’élève votre cagnotte de promesses d’investissement, au 11/06/2024 ?
Elle atteint à ce jour près de 597 500 euros et augmente continuellement.
Avez-vous été impliqués dans les discussions/négociations avec Kilmer Sports ?
Nous n’avons pas été impliqués dans les négociations entre Kilmer Sports et le club. Mais nous ne sommes pas restés inactifs durant cette période, nous avons suivi du plus près possible les différentes étapes qu’ils ont franchies pour racheter le club. Nous avons également discuté avec de multiples autres prétendants.
Quel regard portez-vous sur cette vente ?
La vente de notre club est une bonne chose pour pérenniser l’ASSE. Les anciens actionnaires étaient au bout de leurs capacités à la fois financières et humaines. Ils ont fait des erreurs et des maladresses mais les prises de décisions, en elles-mêmes, usent beaucoup. Alors en 20 ans…
Ils nous ont amenés en Coupe d’Europe régulièrement, offert un trophée, et grâce à leur gestion rigoureuse, nous avons même pu sortir sans trop de dommages de deux saisons en Ligue 2.
L’avenir est incertain par nature mais avoir un actionnaire aussi fort et expérimenté que Larry Tanenbaum et des dirigeants de la trempe d’Ivan Gazidis et son équipe rassure.
Souhaitez-vous contacter le groupe pour entamer une démarche afin de leur racheter des parts ?
Nous travaillons effectivement afin de présenter le projet Socios Verts le plus vite possible. Ils vont avoir beaucoup de travail et je pense que cela se fera par étapes.
Jérémy Chatonnier, président de la Fédération des Socios de France, le 10/06/2024