« Le périmètre de réglementation est restreint et ne risque pas de bouleverser globalement les déplacements » (S. Gomes, Alyce)

Laurent Nunez, préfet de Police de Paris, a présenté les grandes lignes du plan de sécurité établi pour les Jeux de 2024 Publié le 29/11/2023 à 14:00
• Un périmètre bleu, large, avec réglementation de la circulation motorisée ;
• Un périmètre rouge avec interdiction de la circulation motorisée, sauf dérogation ;
• Un périmètre de protection (Silt … le 29/11/2023. Quel impact ce plan aura-t-il sur les déplacements ?  

Il s’agit davantage de mesures de sécurité publique que de mesures de circulation, le préfet de Police évoquant la nécessité d’éviter des accidents ou des attaques à la voiture-bélier. Aux abords des sites de compétition, il est nécessaire de favoriser une approche piétonne et des modes doux (vélo, trottinette), car les accès à ces sites se feront très largement via le réseau de transport public et pas en voiture. Ces mesures de contrôle d’accès s’inscrivent donc assez logiquement dans ce cadre.

Habituellement, pour entrer dans une zone contrôlée, on le fait avec un billet. Ici les zones seront plus étendues et concerneront aussi des habitations et des lieux d’emploi. Il a donc été choisi d’utiliser un outil un peu différent : la déclaration sur un site associé à un QR code. La mesure a suscité des réactions, car cela rappelle de mauvais souvenirs, mais il s’agit d’un outil intéressant pour gérer un contrôle d’accès. La population y est habituée, et c’est un outil plus pratique que de devoir déclarer sa plaque d’immatriculation ou présenter sa carte d’identité et avoir recours à un registre. Les riverains pourront donc toujours accéder à leurs logements, mais ils auront cette contrainte à respecter pendant l’événement.

C’était à l’individu de s’adapter à la situation lors de Londres 2012 »

Quelles initiatives avaient été mises en place lors des précédents événements olympiques ?

Lors des Jeux de Londres en 2012, d’importantes préoccupations existaient sur la mobilité des Londoniens. L’organisation avait notamment lancé des campagnes d’information dans les entreprises pour inciter à modifier les comportements individuels en prenant des vacances ou en télétravaillant. C’était à l’individu de s’adapter à la situation. La seule mesure un peu spécifique qui avait été prise était l’autorisation des livraisons de nuit pour éviter la circulation de livraison dans ces zones la journée.

Durant les Jeux olympiques d’hiver de 2022, Pékin a mis en place des voies dédiées sur ses autoroutes, interdit les camions de transport de matières dangereuses, encouragé le télétravail et augmenté l’offre de transport.

150 km de voies réservées modifieront les conditions de circulation »

Ce plan de sécurité pourrait-il amender la rédaction des plans déplacements des JOP ?

Lors d’événements de ce type, on aménage la circulation et les abords des sites de compétition. Le périmètre de réglementation est relativement restreint et ne risque pas de bouleverser les déplacements de manière globale. Les grands enjeux de mobilité résident plutôt dans la capacité à disposer des réseaux de transports en commun suffisamment performants au cœur du mois de juillet et du début août 2023, ainsi que dans l’installation de plus de 150 km de voies réservées qui modifieront les conditions de circulation sur les grands linéaires, avec une réduction de capacité de 25 % de l’écoulement.

Dans les analyses des données de mobilité sur des grands événements, nous observons une grande adaptabilité des usagers (changement de mode, changement d’itinéraire, report de son trajet, etc.). On peut donc supposer que durant les événements clés des Jeux 2024, les gens éviteront de circuler en voiture dans le centre de Paris entre mi-juillet et mi-août.

Quelle est la spécificité d’un événement olympique en termes de flux de déplacements ?

Lorsqu’une rencontre sportive est organisée au Stade de France, on se retrouve avec un volume de voyageurs très important qui arrive sur les quelques stations entourant l’enceinte. C’est un défi que de traiter cela. Mais avec les JOP Jeux Olympiques et Paralympiques , on aura des rotations de spectateurs. Nous devrons gérer des afflux massifs qui sortent du stade et en même temps d’autres qui entrent dans le stade. Tout le réseau sera mis à l’épreuve, et la question est de parvenir à produire cette offre de transport en plein milieu de l’été, tout en maintenant un service pour les usagers habituels.

Optimiser les réactions grâce à une information en temps réel »

Comment les flux de circulation des voyageurs seront-ils suivis en temps réel ?

Nous avons été sollicités durant la Coupe du monde de rugby 2023 pour suivre en temps réel l’évolution des flux de transport sur des stations de métro qui entourent le Stade de France. Toutes les journées de matches, on suivait le flux des voyageurs qui arrivaient et sortaient à l’aide de capteurs mis en place dans les stations. Les informations produites étaient transférées en temps réel à la préfecture.

Cette expérience a montré l’intérêt de disposer d‘outils de monitoring et de suivi des flux de voyageurs pour réagir le plus rapidement possible. Cela ne permet pas de résoudre tous les problèmes, mais quand il y a plusieurs milliers de personnes à évacuer ; tout dysfonctionnement peut avoir des conséquences importantes si on n’est pas en mesure de s’adapter rapidement.

Avant tout événement de grande ampleur, on établit un scénario de situation normale et on bâtit des stratégies d’urgence en mode dégradé, avec des outils pour commander ces stratégies et recalculer les flux de voyageurs. L’information en temps réel est alimentée avec des données fiables qui permettront d’optimiser ces réactions.