Think : « Nous souhaitons une enveloppe de 440 M$ pour les travailleurs de Qatar 2022 » (L. Schulmann)
« La FIFA
Fédération Internationale de Football Association
engendrera 6 milliards de dollars (6,1 Md€) de bénéfices durant la Coupe du monde. Nous souhaitons qu’il y ait un montant qui soit abondé à une enveloppe de 440 M$ (448 M€) pour un fonds d’indemnisation destiné aux travailleurs et victimes de l’organisation de cette Coupe du monde. Un montant qui correspond à ce que l’ensemble des équipes recevront », déclare Lola Schulmann
Chargée de plaidoyer @ Amnesty International France
, chargée de plaidoyer d’Amnesty International France, lors de Think Football, l’événement annuel organisé par News Tank le 04/10/2022 à la FFF
Fédération Française de Football
.
Lola Schulmann participe à un échange sur l’héritage de la Coupe du monde 2022
XXIIe édition de la Coupe du monde de football, attribuée au Qatar le 02/12/2010. Initialement prévue du 21/11 au 18/12/2022, elle débute finalement un jour plus tôt, le dimanche 20/11/2022 sur…
au Qatar en compagnie de Jean-Baptiste Guégan
Enseignant chargé du cours « Histoire du sport en Afrique » @ Sciences Po (Reims) • Enseignant en géopolitique du sport @ Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI) • Chargé de…
, expert et auteur en géopolitique du sport.
« Si on ne peut pas modifier le passé, on peut changer l’héritage de cette Coupe du monde. Notre campagne “Ramener la Coupe à la raison” a pour objectif de faire entendre et sensibiliser sur la question des droits humains au Qatar. Mais surtout qu’il y ait des décisions concrètes », ajoute la représentante d’Amnesty International France.
« Le boycott de la Coupe du monde 2022 au Qatar, c’est la mauvaise réponse à un vrai problème. Historiquement, aucun boycott n’a donné de résultat politique. Boycott = refus du dialogue avec l’autre. Si on boycotte, on n’engage pas le dialogue. On n’arrivera pas à comprendre l’autre ni le faire changer. En revanche, la menace du boycott a fait réagir les uns les autres et a ouvert un champ pour échanger », déclare Jean-Baptiste Guégan.
« Après notre banderole devant la FFF, nous avons obtenu un rendez-vous en avril 2022 » (L. Schulmann, Amnesty International)
• Amnesty ne s’est pas réveillé en 2022. Nous travaillons sur la situation des droits des travailleurs migrants au Qatar depuis 2010. Notre premier rapport sur les conditions de travail date de 2013. Depuis, nous tentons d’alerter les autorités, le Qatar, le comité suprême, la FIFA et, au niveau national, la FFF.
• Dès 2016, nous avons lancé la campagne “J’aime le foot, pas le travail forcé”, autour duquel nous avions demandé un premier rendez-vous avec la FFF, et nous n’avions pas eu de réponse. Mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. En décembre 2021, après plusieurs courriers sans réponse, nous avons mené une action en installant une belle banderole devant le siège de la FFF. Après cela, nous avons obtenu un rendez-vous en avril 2022.
• La question des droits des travailleurs migrants nous préoccupe tous. Si on ne peut pas changer le passé, on peut changer l’héritage de cette Coupe du monde. Notre campagne “Ramener la Coupe à la raison” a pour objectif de faire entendre et sensibiliser sur la question des droits humains au Qatar. Mais surtout qu’il y ait des décisions concrètes.
• Je salue les annonces publiques de Philippe Diallo Président @ Fédération Française de Football (FFF) • Membre du comité exécutif @ UEFA • Président @ COSMOS (Conseil social du mouvement sportif)
(vice-président de la FFF) ce mardi 04/10/2022. J’espère que les journalistes ont bien pris note des engagements de la FFF pour le fonds d’indemnisation et son souhait que la FIFA s’engage rapidement. 70 % des Français souhaitent que la FFF prenne la parole sur le sujet, et c’est le cas depuis ce matin.
« Un fonds d’indemnisation à destination des victimes de l’organisation de cette Coupe du monde »
• Nous ne connaissions pas bien l’univers sportif chez Amnesty. Mais nous avons reçu un très bon accueil, du soutien et une bonne couverture de la part des journalistes sportifs. Ils ont suivi nos échanges, projets, ont porté nos demandes. Je les salue car ce n’est pas dans la culture au niveau français de travailler sur ces questions de droits humains. Mais cela ne doit pas être un tabou.
• Nous avons également eu une très bonne réception de la part des supporters. Nous avons travaillé, notamment avec FSE (Football Supporters Europe), qui ont très bien accueilli la campagne.
• Nous avons toujours tenté de maintenir un dialogue avec les sponsors et de les interpeller sur les enjeux liés aux droits humains. Dès 2015-2016, nous avions interpellé des sponsors de la FIFA.
• La FIFA engendrera 6 Md$ de bénéfices durant l’événement. Nous souhaitons qu’il y ait un montant qui soit abondé à une enveloppe de 440 M$ pour un fonds d’indemnisation des victimes de l’organisation de cet événement. Une somme qui correspond à ce que l’ensemble des équipes recevront. Un montant symbolique, mais le symbolique est nécessaire.
• Nous ne sommes pas les seuls à porter le fonds d’indemnisation à destination des travailleurs qui ont subi de graves violations de leurs droits, n’ont pas reçu de salaire pendant des mois, ni d’indemnisation en cas d’accident de travail, tout comme les proches de travailleurs décédés sur les chantiers. D’autres ONG Organisation Non-Gouvernementale comme HRW (Human Rights Watch) sont également derrière ce projet. On ne modifiera pas le passé, mais on peut changer l’héritage de cette Coupe du monde en rendant justice aux victimes de l’organisation de cet événement.
• Cette année, en juillet, nous avons envoyé un courrier à l’ensemble des sponsors de la FIFA pour leur demander de soutenir le fonds d’indemnisation. Nous avons obtenu quatre réponses positives (Coca-Cola, McDonald’s, adidas, Budweiser). Les autres n’ont pas répondu ou souhaité engager de dialogue.
« La Coupe du monde au Qatar a permis que le pays ratifie plusieurs pactes internationaux »
• Selon un de nos sondages, 66 % de la population au niveau mondial et 61 % au niveau français souhaitent que les sponsors s’engagent sur la question des droits humains. Il y a un enjeu crucial autour des sponsors, qui ne souhaitent peut-être pas être associés à un événement avec un héritage aussi connoté sur la question des droits.
• Il est essentiel que différents membres du paysage de l’écosystème soutiennent ce fonds, puisque nous souhaitons que la FIFA s’engage d’ici le 20/11/2022 et le début de cette Coupe du monde. Plusieurs autres fédérations soutiennent déjà ce fonds : les fédérations anglaise, allemande et hollandaise.
• En 2010, la question des droits n’apparaissait pas pour l’attribution de la Coupe du monde. Aucune contrepartie n’était demandée au Qatar. La question est désormais : comment fera-t-on pour que les enjeux de droits humains ne soient pas optionnels ? Les droits humains doivent être au cœur des échanges, pour que cela ne se répète plus.
• Amnesty a toujours noté lorsqu’il y avait des évolutions au Qatar. La Coupe du monde au Qatar a permis que le pays ratifie plusieurs pactes internationaux pour le respect des droits humains, du travail et des droit civils, et a pris des législations favorables au droit du travail.
• Mais le compte n’y est pas avec encore de nombreuses violations de droits à quelques semaines du début de la Coupe du monde et des législations pas assez mises en œuvre. Nous encourageons la mise en œuvre du cadre législatif au Qatar.
Lola Schulmann, chargée de plaidoyer d’Amnesty International France, le 04/10/2022
« Le boycott, cela change quoi pour les travailleurs ? » (J.-B. Guégan)
• Le boycott de la Coupe du monde 2022 est une mauvaise réponse à un vrai problème. Historiquement, aucun boycott n’a donné de résultat politique. Boycotter, cela signifie le refus du dialogue avec l’autre. Si on boycotte, on n’arrivera pas à comprendre l’autre ni le faire changer.
• En revanche, la menace du boycott a fait réagir les uns les autres, et a ouvert un champ pour échanger.
• Le boycott est la solution la plus simple mais, après, on fait quoi ? Cela change quoi pour les travailleurs ? Le sport a la capacité de changer le monde. Il amène une sorte de progressisme. Mais le sport a tendance à se cacher derrière une sorte d’apolitisme du sport, qui est un mythe, bien commode.
• Et maintenant le boycott revient comme un boomerang. Les fédérations sont sollicitées, questionnées, mises sous pression. Nous sommes tous gênés par cette Coupe du monde. Nous savons ce qui se passe dans le régime qatari. Comme nous le savions pour la Russie. Et la question se posera aussi pour les États-Unis, co-organisateur de la Coupe du monde 2026 La XXIIIe édition de la Coupe du monde sera organisée aux États-Unis, au Mexique et au Canada (zone Concacaf).
• Décision du 68e congrès de la FIFA, à Moscou (RUS), le 13/06/2018.
• Première édition … , où l’on voit l’évolution sur les droits des femmes.« C’est la première fois qu’on parle des droits humains »
• Ces questions se posent et intéressent également les marques, pour leur image associée à ces événements.
• Le « boycott » de certaines villes avec l’absence d’écrans géants ? Lille s’est positionnée comme la première en ne mettant pas d’écran géant pour des “raisons politiques”. La réalité c’est quoi ? Qu’on sera juste avant l’hiver, qu’il fera très froid à Lille, qu’il y a un problème de sécurité en France lorsqu’il s’agit d’organiser ces événements, que la question énergétique se pose et que les budgets des collectivités explosent avec le coût de l’énergie.
• La récupération politicienne du mot « boycott » ne fait de bien à personne. Le boycott hystérise le débat et empêche de penser. Si on est un politique et qu’on a besoin de se servir du football pour exister, on a un problème. On n’est pas crédible sur le reste.
• La Coupe du monde au Qatar sera la première manifestation de l’histoire déplacée pour des raisons climatiques. C’est également la première fois qu’on parle des droits humains.
• En 2018, cela n’existait pas dans les médias, alors que des ouvriers nord-coréens en situation d’esclavage travaillaient sur les stades russes. Et on a vu que l’héritage de la Coupe du monde 2018 Organisée en Russie du 14/06 au 15/07/2018. en Russie pose problème, également avec la guerre en Ukraine.
• Les acteurs qui organisent des grands événements, comme la FIFA, doivent assumer leur statut de force géopolitique. En l’assumant, ils seront des facteurs de progrès dans un monde de plus en plus fragmenté et complexe. Si les partenaires décident d’être vertueux, et de montrer une image positive et vertueuse, ils demanderont à la FIFA de changer. Alors autant qu’elle bouge.
• Il y a une avancée à noter néanmoins. Sur tous les prochains événements, les médias seront obligés de traiter de ces thématiques.
Jean-Baptiste Guégan, expert et auteur en géopolitique du sport, le 04/10/2022
Lola Schulmann
Chargée de plaidoyer @ Amnesty International France
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Chargée de plaidoyer
Responsable département Partenariats et Plaidoyers Union européenne
Fiche n° 47349, créée le 27/09/2022 à 10:36 - MàJ le 27/09/2022 à 10:42
Jean-Baptiste Guégan
Enseignant chargé du cours « Histoire du sport en Afrique » @ Sciences Po (Reims)
Enseignant en géopolitique du sport @ Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI)
Chargé de cours en géopolitique et sociologie du sport @ Groupe ESG (ESG)
Chargé de cours en géopolitique du sport @ MBA ESG
• « Géopolitique du sport. Une autre explication du monde », (Bréal, 2017)
• « Ingérables ! Comment manager vos talents en entreprise ? », avec Christophe Chenut (Bréal, 2018)
• « Football Investigation, les dessous du football en Russie » (Bréal, 2018)
• « Une histoire populaire du Paris Saint-Germain. 1970-2020, 50 ans de passion », avec Clément Pernia et Mustapha Boullime (Hugo Sport, 2019)
• « La République du foot. Pas le même parti, mais la même passion », avec Clément Pernia (Amphora, mars 2022)
• « Qatar, dominer par le sport. Géopolitique d’une ambition », avec Mourad Bouhanni et Alexandre Buzenet (Bréal, 2023)
• « Révolution Mbappé. Enquête sur le prodige du football mondial », avec Clément Pernia (Michel Lafon, 2024)
• « La Guerre du sport, une nouvelle géopolitique », avec Lukas Aubin (Tallandier, avril 2024)
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Enseignant chargé du cours « Histoire du sport en Afrique »
Enseignant en géopolitique du sport
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Chargé de cours en géopolitique et sociologie du sport
Fiche n° 28438, créée le 30/01/2018 à 08:10 - MàJ le 22/05/2024 à 17:40