Exclusif« Vredestein 20 km de Paris » : « Une bonne reprise avec déjà 10 000 inscrits » (Jean-Philippe Allaire)
« Nous avons ouvert les inscriptions à la mi-avril (2022) et sommes aujourd’hui à plus de 10 000 inscrits. Il y a eu une bonne reprise. Nous avions plafonné à 12 000 coureurs en 2021 car les gens étaient encore un peu réticents. On sent cette année une meilleure dynamique, même si on est loin de ce qui se passait en 2015 ou 2016 : on ouvrait en mars et la course affichait complet fin juin », déclare Jean-Philippe Allaire, responsable partenariats, communication, compétition et inscriptions de la course des « Vredestein 20 km de Paris », à News Tank, le 11/07/2022.
La 44e édition des 20 kilomètres de Paris, compétition de niveau international au label FFA
Fédération Française d’Athlétisme
et World Athletics
Nouveau nom de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), annoncé le 09/06/2019.
• « Le déploiement de cette nouvelle image de marque débute en octobre 2019, après les Championnats du monde…
, aura lieu le dimanche 09/10/2022 avec départ et arrivée au pied de la Tour Eiffel, comme le veut la tradition de cette course créée en 1979 par l’Association Sportive et Culturelle de l’Air, la mairie de Paris et l’ancien athlète Michel Jazy.
« Compte tenu de l’incertitude du comportement des coureurs, nous avons préféré établir un budget sur la base d’un plafond de 25 000 coureurs cette année. Si tout se passe bien, on devrait retrouver notre rythme de croisière autour de 30-35 000 coureurs en 2023. Lorsque nous étions à 32 000 inscrits (avant la crise sanitaire), le budget était de l’ordre de 1,5 million d’euros », ajoute l’organisateur.
Nouveauté pour cette édition 2022 des 20 km de Paris : la course bénéficie d’un sponsor titre grâce à un accord conclu avec la marque néerlandaise Vredestein (pneus), propriété du groupe indien Apollo Tyres. Un accord qui favorise de nouvelles ambitions. « L’objectif est de se renforcer et de continuer à grandir en offrant encore plus de services aux coureurs, comme les photos gratuites cette année par exemple. En 2009, nous avions aussi proposé une retransmission live. On aimerait le refaire en mieux. Cela va aussi nous donner plus de moyens pour développer le côté solidaire de la course », indique Jean-Philippe Allaire, qui répond aux questions de News Tank.
« Un partenaire naming est valorisé au-delà de 250 000 euros » (J.-P. Allaire, Vredestein 20 km de Paris)
Quand et comment les 20 km de Paris ont-ils été créés ?
L’événement a connu une courbe ascendante jusqu’en 2019, une édition à 32 000 coureurs »La course des 20 km de Paris est une des grandes classiques parisiennes qui a été créée en 1979 par l’Association Sportive et Culturelle de l’Air, la mairie de Paris et l’ancien athlète Michel Jazy. Elle a été fondée en même temps que le Marathon de Paris et Paris Versailles (16 km). Ce sont les trois grandes classiques.
A partir de 2002, la course a profité du boom de la course à pied puisque nous sommes montés à plus de 30 000 coureurs, un chiffre devenu un plafond. En 2012, une nouvelle équipe est arrivée et j’ai commencé à m’occuper de la communication. L’événement a connu une courbe ascendante jusqu’en 2019, une édition à 32 000 coureurs. Puis il y a eu le Covid.
Comment avez-vous affronté la crise sanitaire ?
Nous avons basculé sur une édition 100 % connectée en 2020. Nous avons démontré notre côté innovant car nous avons été les seuls à faire une épreuve réellement connectée au sens ou c’était quasiment la même chose que l’édition présentielle, à part le fait que nous n’étions pas sous la Tour Eiffel. Il y avait un classement en temps réel, un vrai tracking de la performance des concurrents à qui on a envoyé médailles et tee-shirts. Ils étaient 6 500 inscrits, soit 13 000 colis au total. Souvent, les autres courses faisaient plutôt du déclaratif. Aucune n’a été aussi loin que nous dans cette démarche technologique.
Nous avons basculé sur une édition 100 % connectée en 2020 »En 2021, nous avons eu de la chance par rapport à la pandémie car la course se tient traditionnellement le deuxième dimanche d’octobre et elle a donc pu avoir lieu le 10/10/2021. Malgré l’incertitude ambiante, nous avons décidé de maintenir l’événement, tout en conservant la partie connectée. Environ 15 000 coureurs ont participé au total, dont plus de 2 000 en version connectée.
Pour l’édition 2022 qui devrait avoir lieu dans des conditions normales, nous avons voulu continuer dans cette démarche en mettant en place des courses de préparation qui permettent de maintenir un lien avec les coureurs sur une période plus longue. Les coureurs aguerris ont l’habitude de courir régulièrement mais nous pensons ainsi aussi aux néo-coureurs qui sont également nos cibles.
En quoi consistent-elles ?
Trois courses préparatoires connectées en plus de la course classique, sous la forme d’un pack »Il y a trois courses de préparation qui sont en fait des courses connectées sur le même modèle que celles que nous avions faites précédemment. Une première de 5 km a eu lieu du 05/05 au 26/06/2022, une deuxième de 10 km du 30/06 au 03/07/2022, avant une dernière de 15 km du 25 au 28/08/2022. Cela permet de se préparer en montant en puissance. En plus du simple dossard pour la course classique, nous avons donc proposé ces trois courses préparatoires sous la forme d’un pack qui comprend évidemment aussi celle du 09/10/2022. Et à chaque fois qu’on fait une course, on reçoit une médaille en récompense.
Le coureur à pied est très sensible au fait d’avoir une médaille, quelque chose qui soit vraiment un trophée. Sur cet aspect-là, nous restons dans la tradition alors que d’autres l’ont supprimée dans une logique écoresponsable.
Combien comptez-vous d’inscrits à un peu moins de trois mois de l’événement ?
Nous avons ouvert les inscriptions à la mi-avril et sommes aujourd’hui à plus de 10 000 inscrits.
90 à 95 % du budget financé par les inscriptions »Il y a eu une bonne reprise. Nous avions plafonné à 12 000 coureurs en 2021 car les gens étaient encore un peu réticents. On sent cette année une meilleure dynamique même si on est loin de ce qui se passait en 2015 ou 2016 : on ouvrait en mars et la course affichait complet fin juin.
Compte tenu de l’incertitude du comportement des coureurs, nous avons préféré établir un budget sur la base d’un plafond de 25 000 coureurs cette année car 90 à 95 % du budget est financé par les inscriptions. Si tout se passe bien, on devrait retrouver notre rythme de croisière autour de 30-35 000 coureurs en 2023.
Qui sont les coureurs des 20 km de Paris ?
Historiquement, nous sommes sur une base de 32 à 33 % de femmes, avec une augmentation d’environ 1 % par an depuis plusieurs années. C’est une progression régulière.
32 à 33 % de femmes, beaucoup de Parisiens et moins de 10 % d’étrangers »Nous avons une proportion de Franciliens bien nette qui est de l’ordre de 75 %. Cela reste une course relativement locale, à l’inverse, par exemple, du Marathon de Paris qui a quasiment la moitié d’étrangers. Sur les 20 km de Paris, on a encore beaucoup de Parisiens et moins de 10 % d’étrangers. En attirer davantage constitue un de nos objectifs, en nous appuyant encore plus sur la Tour Eiffel au pied de laquelle se font le départ et l’arrivée. Cela fait partie des efforts que nous devons encore faire dans nos choix, notre déploiement, notre organisation, pour aller chercher ce type de concurrents.
Vredestein, sponsor titre des 20 km de Paris pour quatre ans
• « La marque de pneus haut de gamme Vredestein devient le sponsor titre de la course emblématique annuelle, Les 20km de Paris ! En signant ce partenariat avec Apollo Tyres Ltd, propriétaire de la marque, Les 20km de Paris deviennent : Les Vredestein 20km de Paris », annonçaient les organisateurs de la course le 04/05/2022. L’accord porte sur une durée de quatre ans.
• « Ce nouveau partenariat permettra d’offrir une expérience encore meilleure aux coureurs, de soutenir davantage d’actions caritatives et inscrira les 20km de Paris dans une dimension plus européenne et internationale », indiquaient-ils.
• « Vredestein et Les 20km de Paris partagent des valeurs communes, à savoir : les valeurs du sport, de la responsabilité sociale et environnementale, de l’innovation, ainsi que de la haute-performance. Sur la base d’une histoire riche pour les deux parties, il était naturel que les précurseurs des technologies pneumatiques s’associent aux précurseurs de la course à pied », ajoutaient alors les organisateurs.
Parmi les objectifs affichés dans le cadre de votre partenariat de quatre ans avec Vredestein figure celui de donner une dimension plus européenne et internationale à l’événement. Dans quelle mesure cet accord de naming va-t-il vous aider ?
Pour pouvoir identifier et aller chercher des coureurs étrangers, il faut des moyens »Pour pouvoir identifier et aller chercher des coureurs étrangers, il faut des moyens. Il faut passer des accords avec des gens qui gèrent des communautés de renom à l’étranger. Il faut de l’investissement. En même temps, Vredestein est une marque néerlandaise, européenne, qui est rattachée à un groupe indien qui s’appelle Apollo Tyres et qui, lui, a une dimension internationale. Nous allons voir comment nous pouvons faire jouer ces synergies avec eux sur cette partie internationale.
Vous disiez que 95 % de vos revenus provenaient de la prise de dossards. C’était avant l’arrivée de ce nouveau partenaire ?
Absolument.
A combien s’élève son investissement ?
Nous ne communiquons pas le chiffre, mais il est écrit sur notre plaquette de présentation qu’un partenaire naming est valorisé au-delà de 250 000 euros.
Pouvez-vous donner un ordre de grandeur de votre budget total ?
Cela dépend bien sûr du nombre de participants, mais lorsque nous étions à 32 000 inscrits, le budget était de l’ordre de 1,5 million d’euros.
Ce partenariat avec Vredestein doit également vous permettre d’améliorer encore l’expérience des coureurs. De quelle manière ?
Un niveau de services aux coureurs assez important »Nous sommes déjà sur un niveau de services aux coureurs qui est assez important. Nous fournissons des massages à l’arrivée. Il y a aussi 20 orchestres sur le parcours, soit un par kilomètre. Aucune autre course n’en propose autant. Pour motiver les coureurs, nous essayons également d’avoir un village très accueillant.
L’objectif est de se renforcer et de continuer à grandir en offrant encore plus de services, comme les photos gratuites cette année par exemple. En 2009, nous avions aussi proposé une retransmission live. On aimerait le refaire en mieux. Cela va aussi nous donner plus de moyens pour développer le côté solidaire de la course.
Quid justement de vos actions caritatives ?
Depuis 2020, chaque coureur qui s’inscrit sait qu’il va défendre une cause »Nous avons toujours reversé des montants financiers - entre 50 et 60 000 € par édition - au profit d’associations. Nous faisions cela à la fin de l’exercice, sans aucune communication ou presque. Cela ne figurait pas sur les inscriptions.
Depuis 2020, chaque coureur qui s’inscrit sait qu’il va défendre une cause. Nous avons eu l’Institut Pasteur, l’Institut Curie. Cette année, c’est Aviation sans frontières, à qui sont reversés 3 euros par inscription. Le fait d’avoir plus de moyens va nous permettre de soutenir d’autres causes et de faire plus de choses, sachant que notre démarche n’est pas business puisque nous sommes une association à but non lucratif.
Parmi vos autres sponsors importants, il y a aussi l’équipementier Joma…
Joma ne donne pas de dotation financière, mais fournit les tee-shirts »Ils ne nous donnent pas de dotation financière mais fournissent les tee-shirts remis aux coureurs. Dans une année normale, il y en a 30 000, fabriqués spécialement pour l’événement. Ils fournissent également les tenues des bénévoles et celles de l’organisation lorsqu’on va faire la promotion des 20 km de Paris sur d’autres épreuves. C’est un échange en nature dans le cadre d’un accord que nous venons de renouveler pour quatre ans.
Comment se matérialise votre partenariat avec la Mairie de Paris ?
La mairie de Paris nous aide sur la logistique et perçoit 2 € par dossard »Nous travaillons avec la Préfecture de police pour la sécurité et avec la Direction de la Propreté et de l’Eau de Paris pour le nettoyage des zones fréquentées par la course.
La mairie nous aide aussi sur la logistique de la zone départ/arrivée, en fournissant un car-podium, de la sono, des barrières, etc. En contrepartie, elle perçoit une taxe de 2 euros par dossard, ce qui est nouveau depuis quelques années.
Pourquoi avez-vous choisi d’organiser une épreuve de 20 km et non un semi-marathon (21,0975 km) ?
Un certain nombre de coureurs ne comprendraient pas qu’on bascule sur un semi-marathon »C’est historique ! A l’époque, les créateurs de l’épreuve avaient relié les plus beaux monuments de Paris et cela faisait 20 km et les courses hors stade n’étaient pas encore très répandues. C’est vrai que c’est un petit handicap que nous avons car les coureurs sont en recherche de performance et aujourd’hui, 90 à 95 % des courses de plus ou moins cette distance sont des semi-marathons.
Nous faisons partie des quelques courses historiques à proposer 20 km, comme ceux de Bruxelles, Genève, Maroilles ou de Lausanne. C’est notre ADN, notre histoire, sous la Tour Eiffel, depuis 1979. Je pense qu’un certain nombre de coureurs ne comprendraient pas qu’on bascule sur un semi-marathon, et en plus nous devrions changer de nom.
Cela en fait-il une épreuve plus populaire ?
Notre positionnement est de couvrir l’ensemble du spectre : élites, coureurs de clubs, coureurs loisirs et néo-coureurs amateurs. »Elle s’inscrit en effet dans une histoire populaire et festive. Néanmoins, notre positionnement est vraiment de couvrir l’ensemble du spectre. Nous avons un plateau élite avec des gens qui peuvent venir faire une performance. Il y a une dotation financière qui n’est pas très élevée, mais qui a le mérite d’exister. Le premier gagne 2 500 €, le deuxième 2 000 €, le troisième 1 500 €, le quatrième 1 000 € et le cinquième 500 €. La même chose pour les hommes et les femmes. Le premier handisport fauteuil remporte lui 500 €.
Notre stratégie est plutôt de mettre en lumière et d’aider les meilleurs athlètes français. Dans la course à pied, l’autre logique est celle de la performance et vous faites alors venir des Kenyans, des Éthiopiens, des gens qui courent très vite mais que personne ne connaît, avec une difficulté d’identification pour les coureurs. Nous savons que les athlètes français ne sont pas vraiment aidés et nous avons donc décidé d’utiliser notre budget pour eux, en essayant de faire venir les meilleurs.
Nous nous adressons aussi aux coureurs de clubs. Nous stimulons les meilleurs en leur offrant le dossard, en positionnant bien les sas afin de leur assurer un confort de course.
Enfin, nous nous adressons bien évidemment aux coureurs loisirs et aux néo-coureurs amateurs. Notre challenge de communication, c’est de pouvoir parler à toutes ces cibles. Notre village est aussi construit pour être populaire, pour venir en famille, avec une course pour les enfants le samedi (les 20 kids de Paris), entre autres choses.
Avez-vous aujourd’hui plus ou moins de courses concurrentes qu’avant le Covid ?
Les meilleures années du running sur route sont passées »Les meilleures années du running sur route sont passées. En 2014 ou 2015, sur les grandes classiques, il fallait s’inscrire le plus vite possible parce qu’on risquait de ne pas avoir de dossard sinon. On était très vite sold out. Aujourd’hui, le coureur s’inscrit de plus en plus à la dernière minute, ce qui correspond aussi à un effet générationnel. C’est beaucoup plus stressant pour un organisateur parce qu’il ne sait pas où il va terminer alors qu’avant, on savait au mois de juin qu’on avait le budget et on pouvait donc organiser son événement en toute sérénité.
Il y a toujours eu beaucoup d’engouement sur la course sur route. Les choses se renouvellent mais il y a énormément de concurrence avec le trail, la course nature. A part les épreuves vraiment iconiques, l’ensemble des courses peinent à remplir.
Il ne faut pas oublier non plus qu’avec les attentats, l’éco-responsabilité, puis la crise sanitaire, les frais liés à l’organisation ont augmenté, ce qui fait que le prix du dossard a subi une certaine inflation.
Le prix du dossard a subi une certaine inflation »Autre élément : les courses en France n’attirent pas beaucoup les partenaires. Pour qu’un sport les intéresse, il faut une icône française comme Teddy Riner pour le judo ou Renaud Lavillenie pour le saut à la perche. Le problème, c’est que le running, de manière générale, est dominée par les Kényans, les Éthiopiens, les Ougandais, l’Afrique de l’Est en général. Les gens ne s’identifient pas. Et comme ce n’est pas retransmis, les partenaires s’en désintéressent. Il y avait beaucoup plus d’argent dans la course à pied dans les années 1980. C’est pourtant un sport très pratiqué, par plus de 11 millions de gens.
Tout ceci fait que nous sommes contents qu’une marque comme Vredestein se soit intéressée à nous parce que cela va aider à la pérennité de l’événement.
Jean-Philippe Allaire, responsable partenariats, communication, compétition et inscriptions des « Vredestein 20 km de Paris », le 11/07/2022