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ExclusifFormule 1 / Grand Prix de France : « 80 % de nos revenus proviennent de la billetterie » (Éric Boullier)

News Tank Sport - Paris - Entretien n°237689 - Publié le 03/01/2022 à 11:00
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Éric Boullier - ©  D.R.

« La billetterie est notre plus grande source de revenus, à hauteur d’environ 80 %, tandis que 15 % sont issus des hospitalités que nous commercialisons, et un petit 5 % représente le food & beverage », déclare Éric Boullier, directeur général du GIP Grand Prix de France - Le Castellet Activité : organisateur du Grand Prix de France de Formule 1 sur le circuit du Castellet, de 2018 à 2022 Création : 09/01/2017 Président : Christian Estrosi (Président de la Métropole Nice Côte… , à News Tank, le 22/12/2021. Le prochain Grand Prix de France sera organisé sur le circuit Paul-Ricard (Var) du 22 au 24/07/2022. 

« La F1 garde tous les droits. Nous devons lui fournir un circuit vierge de tout sponsoring pour toute la durée de l’évènement. Organiser un Grand Prix de Formule 1 sur place prend trois semaines. Donc pendant trois semaines, nous louons le circuit Paul-Ricard, un espace alors dénué de tout sponsor. La F1 vient et a tous les droits. Les seuls droits qui nous sont donnés sont le ticketing, les hospitalités secondaires et le food & beverage », explique Éric Boullier. 

« Il paraît acquis pour beaucoup de gens que la France fait partie de la F1 et inversement. Mais non, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La montée en puissance de la Formule 1 depuis quelques années fait qu’énormément de pays et de villes sont prêts à dépenser des fortunes pour pouvoir être inscrits au Championnat. On parle toujours d’argent en F1, mais la visibilité et la notoriété qu’elle apporte à une ville, à une région ou à un pays, c’est extraordinaire. S’il fallait faire la même chose en achat publicitaire, cela coûterait des milliards ! C’est ce qui explique que la F1 est fortement courtisée aujourd’hui », souligne l’ancien directeur d’écuries (Renault F1 Team / Lotus F1 Team de 2010 à 2014, puis McLaren Racing de 2014 à 2018).

« On est désormais sur une approche américanisée de l’ouverture de la F1, qui a fait exploser les audiences, qui a fait un peu tout exploser à vrai dire, notamment les prix. C’est un des rares championnat vraiment mondial. Il y a encore pas mal de régions dans le monde sur lesquelles la F1 n’est pas présente car le nombre de Grands Prix est limité, ce qui renforce l’intérêt qu’elle suscite. C’est génial, à condition que notre sport reste accessible à tous », affirme Éric Boullier qui répond aux questions de News Tank.


« Hormis la billetterie, tout appartient à la Formule 1 (droits TV, sponsoring, etc.) » (É. Boullier, GIP Grand Prix de France - Le Castellet)

Pouvez-vous nous présenter le GIP Grand Prix de France - Le Castellet ?

Grand Prix de France - Le Castellet - ©  D.R.
« Le Groupement d’Intérêt Public Grand Prix de France - Le Castellet est composé d’une petite vingtaine de personnes qui travaillent à plein temps sur deux sites, à Paris et au Circuit Paul-Ricard, où est basé le Grand Prix. Nos actionnaires sont les collectivités de la Région Sud, les différentes métropoles, villes, départements et la région elle-même, ainsi que le Circuit Paul-Ricard. L’avantage d’un Groupement d’Intérêt Public, c’est de pouvoir aussi avoir des actionnaires privés.

S’agissant de notre business model, nous bénéficions de contributions de la part de nos actionnaires. La billetterie est notre plus grande source de revenus, à hauteur d’environ 80 %, tandis que 15 % sont issus des hospitalités que nous commercialisons, et un petit 5 % représente le food & beverage. Nous avons récupéré cette licence auprès de la F1.

En 2021, le Grand Prix de France a été organisé à jauge réduite (15 000 personnes sur site au lieu d’une capacité totale journalière de 60 000). Comment vous-en êtes-vous sortis au niveau économique ?

C’est dans ces moments que le fait d’être un groupement d’intérêt public est intéressant »

Effectivement, 15 000 spectateurs correspondaient à peu près à 20 % de notre jauge, ce qui signifie une perte de 80 % de revenus. Il a fallu faire des économies, même si le fait d’avoir trois bulles sanitaires de 5 000 personnes nous a coûté un peu plus que si nous avions directement accueilli 15 000 personnes, puisqu’il a fallu organiser trois fois tout ce qui touchait aux contrôles sanitaires. Et il a bien sûr fallu que l’on négocie des réductions, notamment sur le plateau de F1, et que l’on mette à contribution nos actionnaires pour nous aider.

C’est dans ces moments que le fait d’être un groupement d’intérêt public est intéressant. Ce sont un peu les vases communicants. La prise en charge de l’organisation du Grand Prix de France historique de Formule 1 a généré à lui seul pas mal de retombées économiques sur la région, notamment pour le département du Var. Cela nous a permis aussi d’apporter une contribution ”à l’inverse”, c’est-à-dire, sans rien demander aux actionnaires, de pouvoir mettre en place un retour plus important à travers des activités du GIP.

Comment fonctionne un contrat de promoteur de course de F1 ? Percevez-vous des recettes issues du sponsoring ou des droits médias générés par le Grand Prix de France de la part de Formula One Management Société chargée de la promotion du championnat du monde de Formule 1 et de l’exploitation des ses droits commerciaux  ?

Formula One Group - ©  Formula One
Comme dans tout contrat, il y a une clause de confidentialité. Dans les grandes lignes, cela ne marche pas du tout comme ça. La F1 garde tous les droits. Nous devons fournir à la F1 un circuit vierge de tout sponsoring pour toute la durée de l’évènement. Organiser un Grand Prix de Formule 1 sur place prend trois semaines. Donc pendant trois semaines, nous louons le circuit Paul-Ricard, un espace alors dénué de tout sponsor. La F1 vient et a tous les droits. Les seuls droits qui nous sont donnés sont le ticketing, les hospitalités secondaires et le food & beverage.

La F1 touche-t-elle un pourcentage sur ces droits-là ?

Pas sur la billetterie. Il y a des accords croisés sur les hospitalités. Par exemple, on a le droit de commercialiser sur le paddock club, une hospitalité très haut de gamme que la F1 amène sur chaque Grand Prix. À l’inverse, la F1 a aussi le droit de commercialiser certaines de nos hospitalités. Il y a également des entités subalternes de la F1, comme F1 Experience par exemple, qui disposent aussi de droits de commercialisation. Certains droits se chevauchent un peu. Mais il n’est pas question ici de droits médias, sponsoring ou autres. Tout appartient à la F1.

Quand Pirelli Activité : manufacturier de pneus Création : 1872 Actionnariat  : Marco Polo Industrial Holding (groupe China National Chemical Corporation) Vice-président exécutif et DG : Marco Tronchetti… puis Emirates Activité : compagnie aérienne (Fly Emirates) et propriétaire de dnata (fournisseur de services aéroportuaires émiratis) Création : 1985Flotte : 320 avions Route : 155 aéroports desservis, dans 81… deviennent le sponsor titre du GP de France, l’accord est donc passé par Formula One Management…

Oui, tout vient de la F1. On ne touche rien. Au contraire, je dirais même que cela nous coûte de l’argent puisque sur chaque billet émis et sur chaque support de visibilité on doit rajouter le sponsor. C’est donc à nos frais !

Mais avez-vous tout de même la possibilité d’échanger avec les marques pour qu’elles activent leur partenariat sur place ?

Les animations autour et sur le circuit sont gérées par le GIP, à nos coûts »

On a le droit, effectivement. Mais il faut connaître dans quelles conditions. Si demain nous amenons un sponsor, ce n’est pas nous qui gérons les droits, mais la F1 ! Ce n’est pas non plus nous qui gérons l’activation, c’est la F1… Il y a des obligations qui ne sont pas forcément très pratiques. Nous gérons les opérations au niveau du paddock, même si c’est la F1 qui gère les droits. Tout ce qui est animations dans l’enceinte elle-même du circuit est géré par le GIP, à nos coûts.

Combien de temps êtes-vous encore engagés avec Formula One Group Activité : détenteur des droits et organisateur du Championnat du monde de Formule 1 FIA Création : janvier 2017 • Première entité détentrice des droits commerciaux de la Formule 1 : Formula One…  ?

Encore un an, pour 2022.

Formula One Management insiste fortement sur sa politique environnementale. Qu’avez-vous mis en place dans ce cadre ? 

Grand Prix de France de F1 - ©  D.R.
Nous sommes quelque part le bon élève sur ce sujet, puisque nous sommes le seul organisateur de Grand Prix de Formule 1 à disposer de la certification trois étoiles (certification environnementale de la FIA Fédération Internationale Automobile ). Cela représente deux ans de travail. Nous avons été audités par des cabinets indépendants déployés par la FIA.

Sur la RSE Responsabilité sociale des entreprises , on pousse tout ce qui est possible et imaginable : des billets digitaux, des écocups, le recyclage de l’eau, des déchets, etc. On s’appuie énormément sur les infrastructures du circuit Paul-Ricard qui bénéficient d’une grande alimentation en panneaux photovoltaïques et d’une indépendance au niveau des réseaux des eaux. Toutes ces actions sont accompagnées d’un plan ambitieux sur la mobilité décidé en 2019. Ce plan va être poussé à un niveau supérieur en 2022 pour limiter le nombre de voitures qui accèderont au plateau qui représente un impact très important sur le bilan carbone de l’évènement. 

En tant que GIP, nous avons des obligations vis-à-vis des marchés publics. Ainsi, les futurs fournisseurs et opérateurs qui vont travailler pour le GIP s’engagent à respecter une convention sur la RSE.

Les pilotes français Pierre Gasly et Estaban Ocon ont respectivement remporté un Grand Prix en 2020 et en 2021. Ces victoires renforcent-elles l’attrait du Grand Prix de France ?

La F1 est en plein boum »

Elles y participent, définitivement. L’écosystème idéal pour n’importe quel sport dans le monde est d’avoir des champions locaux qui gagnent des courses. Disposer d’un évènement en tant que tel est déjà important. Il paraît acquis pour beaucoup de gens que la France fait partie de la F1 et inversement. Mais non, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

La montée en puissance de la F1 depuis quelques années fait qu’énormément de pays et de villes sont prêts à dépenser des fortunes pour pouvoir être inscrits au Championnat. On parle toujours d’argent en F1, mais la visibilité et la notoriété qu’elle apporte à une ville, à une région ou à un pays, c’est extraordinaire. S’il fallait faire la même chose en achat publicitaire, cela coûterait des milliards ! C’est ce qui explique que la F1 est fortement courtisée aujourd’hui. Les audiences TV de la F1 en France et dans le reste du monde, sa présence sur les réseaux, notamment auprès des jeunes grâce entre autres à l’effet Netflix Activité : société de production et de diffusion de contenus vidéos en streaming Création : 1997 Siège social : Los Gatos (États-Unis, Californie)Chiffre d’affaires (2023) : 33,723 Md… (via la docu-série Drive to survive), ont fait qu’elle est en plein boum. Le fait que des pilotes français gagnent des courses est évidemment un petit plus pour nous.

La docu-serie de la F1 "Drive to Survive" sur Netflix - ©  D.R.

Le Grand Prix de France 2021 a eu lieu en juin, celui de 2022 se tiendra en juillet. Pourquoi ce changement ? Pourquoi avoir choisi de vous positionner sur cette période de l’année ?

Le calendrier, c’est la F1 qui le publie, pas les promoteurs »

Le calendrier de la F1, c’est la F1 qui le publie, pas les promoteurs. Nous ne sommes pas responsables des dates et des calendriers. Lors de la négociation avec la F1 pour que la France revienne au calendrier du Championnat (à partir de 2018), nous avions émis le souhait que le GP soit organisé au mois de juin ou au mois de septembre. C’était parfait en termes de conditions climatiques et de visibilité pour la région Sud.

23 courses au programme du calendrier 2022 de la Formule 1 - ©  Formula One Management

Pour 2022, il y a eu des rajouts. 23 courses sont programmées (un record). Le GP de France s’est retrouvé repoussé au mois de juillet. Ce n’était pas forcément dans nos souhaits initiaux. Mais il s’avère que les spectateurs apprécient ce changement de date. Nous avons suivi de très près les retours de nos clients, les spectateurs du GP de France. Cela leur permet d’organiser leurs vacances autour du Grand Prix. C’est une approche un peu différente des spectateurs que nous avions l’habitude de recevoir. Cela peut amener de nouveaux publics. 

Il n’a pas l’air simple de négocier avec Liberty Media (propriétaire de la F1 depuis 2011)…

Ils sont en position de force »

Ce n’est pas toujours évident, parce qu’ils sont en position de force. Comme dans toute négociation commerciale, quand on est en position de force, on regarde d’abord ses propres intérêts. C’est donc normal que ce soit un peu plus difficile. 

Quel regard portez-vous sur la nouvelle exposition dont bénéficie la F1 depuis quelques saisons ?

Il était obligatoire que la F1 s’ouvre à son public »

C’est l’évolution de notre société. La F1 avait grandi sous une politique différente auparavant. Il était obligatoire qu’elle s’ouvre à son public, qu’elle aille en chercher de nouveaux, plus jeunes. On avait connu avant cela une démographie vieillissante des spectateurs de F1. On est désormais sur une approche américanisée de l’ouverture de la F1, qui a fait exploser les audiences, qui a fait un peu tout exploser à vrai dire, notamment les prix. C’est un des rares championnat vraiment mondial. Il y a encore pas mal de régions dans le monde sur lesquelles la F1 n’est pas présente car le nombre de Grands Prix est limité, ce qui renforce l’intérêt qu’elle suscite. C’est génial, à condition que notre sport reste accessible à tous. Il ne faut pas l’oublier non plus.  

Comment faites-vous pour sortir du bassin régional dans lequel vous êtes implantés pour rayonner à l’international ?

Affiche du Grand Prix de France 2022, la « Summer Race » - ©  Grand Prix de France
Le rayonnement international s’acquiert avec le savoir-faire, avec cette petite touche que nous mettons à organiser le Grand Prix de France, une touche qui est forcément différente des autres. Il faut lui créer sa propre image. Nous l’avons par exemple appelé la Summer Race. Cela fait partie d’une stratégie de promotion pour la région Sud. Il faut mobiliser les atouts culturels et géographiques que l’on a autour de nous, trouver l’image du GP et son public. De cette manière, on devient un référent. C’est ce que nous avons fait avec notre politique de RSE. Nous avons pris de l’avance sur certains de nos collègues organisateurs de Grand Prix. Nous sommes très fiers d’être certifiés trois étoiles.

Nous sommes classés Grand Événement International, un statut à part dans les lois françaises. En s’inscrivant dans la durée, on s’inscrit dans l’attrait, dans l’intérêt. Et au bout d’un moment on finit par devenir un événement où il faut être présent, être vu. À partir de là, on intéresse plus seulement une caste régionale, mais aussi nationale. »

Éric Boullier


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Parcours

Circle SAS
Fondateur
Morand Cars
Fondateur
Racing Egineering
Chef ingérnieur
Grand Prix de France - Le Castellet
Conseiller stratégique sportif et opérationnel et ambassadeur
McLaren Racing
Directeur de course
Renault F1 Team / Lotus F1 Team
Directeur général
Gravity Sport Management
Directeur général
DAMS SAS
Directeur général
A1 Team France
Directeur d’écurie
DAMS SAS
Ingénieur
RJ Racing
Ingénieur

Établissement & diplôme

ISPA, école d’ingénieurs de l’air et de l’espace
Master d’ingénieur en aéronautique

Fiche n° 38268, créée le 27/01/2020 à 20:25 - MàJ le 03/02/2022 à 10:36
 

Grand Prix de France - Le Castellet

Activité : organisateur du Grand Prix de France de Formule 1 sur le circuit du Castellet, de 2018 à 2022
Création : 09/01/2017
Président : Christian Estrosi (Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Maire de Nice)
Directeur général : Éric Boullier
Opérations marketing et commerciales : Aurélie Letellier
• Agence de communication / Communication digitale & réseaux sociaux : Lafourmi

Membres du GIP :
Christian Estrosi (Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Maire de Nice)
Renaud Muselier (Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur)
Hubert Falco (Président de Toulon Provence Méditerranée)
Marc Giraud (Président du Conseil Départemental du Var)
Jean-Claude Gaudin (Président de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, Maire de Marseille)
Jacques Bianchi (Président de la CCI du Var)
Alain Lacroix (Président de la CCI régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur)
Martine Vassal (Présidente du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône)
Ferdinand Bernhard (Président de la Communauté d’Agglomération Sud Sainte Baume)
Stéphane Clair (Directeur général, Circuit Paul Ricard, société Excelis)

Budget : 30 M€ (recettes directes : 16 à 17 M€ ; subventions : 14 M€)

Sponsor titre :
Lenovo (CHN, électronique) : en 2022

Partenaires institutionnels :
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Métropole Toulon Provence Méditerranée
Département du Var
Métropole Nice Côte d’Azur
Métropole Aix Marseille Provence
CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur
CCI Var
Département des Bouches-du-Rhône
Communauté d’Agglomération Sud Sainte Baume
Circuit Paul-Ricard


Catégorie : Événements


Adresse du siège

Groupement d’Intérêt Public Grand Prix de France - Le Castellet
Hôtel de région 27, place Jules Guesde
Circuit Paul RICARD RDN8, route des Hauts du Camp- 83330 Le Castellet
13481 Marseille Cedex 20 France


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Fiche n° 7027, créée le 27/04/2018 à 11:20 - MàJ le 12/12/2022 à 10:12

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Éric Boullier - ©  D.R.